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samedi 5 octobre 2019

Nouvelle interview et nouveau shooting de Robert Pattinson et Willem Dafoe pour Esquire UK


Les photos :
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Traduction de l'interview  : (Concernant les passages de Willem, je n'ai traduit que ceux concernant Robert) :
La proue d'un bateau émerge d'un brouillard épais traversant une mer bouillonnante. Deux silhouettes, des ombres dans l'obscurité, se découpent sur l'avant-pont, face à l'horizon, dos à nous. Peu de temps après, une île apparaît. Pas plus qu'un rocher, vraiment : seul, cabossé, austère. Ensuite, on peut distinguer un phare, clignotant dans la pénombre.

Nous voyons maintenant les hommes de face, un double portrait saisissant en noir et blanc : une double exposition. Ils portent des bonnets de marins, des pardessus et soulevant une boite en bois. L'un est plus jeune, plus grand, moustachu. L'autre est plus crevassé, arborant une barbe sauvage, de laquelle ressort une petite pipe en bois, comme celle de Popeye. Leurs visages sont, à tout point de vue, remarquable, extrême, inflexible comme une pierre sculptée avec une grande délicatesse, une peau tendue sur des os saillants : nez pointus, forte mâchoires, des yeux un peu renfoncés. Et oh, les pommettes ! Et voudriez-vous regarder toutes ces dents ?



Avant toute autre chose - avant leurs visages beaux, expressifs ou célèbres (ils sont tout cela) - ce sont des visages photogéniques. A la première inspection, ils semblent impassibles, presque vides. Et pourtant, on ressent une appréhension. Les traits du plus vieil homme sont figés dans une grimace espiègle. Le jeune homme est méfiant, tendu. Cela pourrait être les visages d'un père et son fils, ou de frères séparés par des décennies : des visages durs, minces et sévères, façonnés pour une vie dure, mince et sévère. Des vies remplies de déception, de ressentiments, de querelles sanglantes. Voici des hommes qui ont déjà vu des problèmes auparavant et qui en verront de nouveau. Peut-être qu'ils cherchent les problèmes. Peut-êtres qu'ils les ont trouvé. Est-ce un double portrait - ou le portrait d'un duel ?

Quel que soit ce qui a réuni ces hommes dans cet endroit - le destin, le karma, la soif d'aventure, le désir d'évasion (pour les personnages, mais peut-être aussi pour les acteurs ?) ou (surtout pour les acteurs) le besoin de repousser ses limites artistiquement, ou de se mettre un défi physiquement, ou la réputation du réalisateur, ou un très bon scénario, ou tout cela à la fois - on sent qu'ils sont déjà conscients, face à la dure réalité de leur situation, qu'ils ont peut-être trouvé plus que ce à quoi ils s'attendaient. Ce dont on peut-être sur dès le départ : le temps sera présent. Il y aura des conflits. Et il y aura du jeu d'acteur.

Le film est The Lighthouse, le second long métrage du scénariste/réalisateur américain de 36 ans, Robert Eggers, qui a fait sensation avec son premier film, The Witch. Eggers, qui vient de Brooklyn, mais qui a grandi dans un coin rural du New Hampshire, est un homme doté d'une sensibilité gothique rare et terrifiante. The Witch est un film d'horreur d'art et d'essai, un conte de fée tordu possédant le pouvoir insidieux d'un cauchemar. Cela parlait d'une famille de puritains du 17ème siècle bannis dans les bois de la Nouvelle-Angleterre, et qui impliquait des enfants possédés, des oiseaux picorant de la chair humaine et d'un lien contre nature avec une chèvre. Cela a coûté 4 millions de dollars à faire et il a récupéré 10 fois cet argent, faisant d'Eggers non seulement le chouchou des critiques, mais aussi le futur du cinéma commercial.

Pour The Lighthouse, Eggers a retrouvé A24, entre autres société de production et une grande partie de son équipe de The Witch, y compris son directeur de la photographie, Jarin Blaschke, et le compositeur Mark Korven, qui à eux deux ont fait tout leur possible pour rendre l'atmosphère inquiétante. Son co-scénariste est son frère, Max Eggers. Les acteurs étaient nouveaux pour lui.

Ces visages que j'ai eu du mal à décrire, appartiennent donc à Robert Pattinson et Willem Dafoe. Ils jouent des gardiens de phares sur un rocher secoué par la pluie et battu par le vent au large de la côte atlantique de l'Amérique du Nord. Nous sommes en 1890. Pattinson est, ou semble être, Ephraim Winslow, l'apprenti taciturne. "Je ne parle pas beaucoup", dit-il très tôt - une déclaration, comme tant d'autres dans ce film sur les identités changeantes, qui s'avère ne pas être tout à fait vraie.

Dafoe est le partenaire irascible de Winslow, Thomas Wake, un "gardien" expérimenté et un tyran cruel, obsédé par le phare qu'il surveille. "La lumière est à moi !" déclare-t-il, les yeux fous. Wake envoie Winslow dans les entrailles du bâtiment, où le jeune homme attise le feu, frotte le sol et nourrit ses griefs, tout en se livrant à une masturbation plutôt épique, centrée sur une sirène. Winslow et Wake doivent passer 4 semaines seuls sur l'île avant d'être relevés. Mais quand une tempête arrive, l'étrange couple est bloqué - peut-être, ou pas à cause d'un acte violent fait par Winslow et qui leur a jeté un sort. Doucement, puis dans des spasmes d'ultra violence, cela se dégrade.

The lighthouse est un film de copains tordus, une comédie noire surréaliste, un thriller psychologique se déroulant sur le terrain hystérique de Grand Guignol. Il a été tourné au printemps 2018 en studio dans la ville d'Halifax, en Nouvelle-Écosse, sur la côte atlantique du Canada, ainsi que que dans la petite communauté de pêcheurs de Cap Forchu, à proximité. ("Les gens ont tendance à passer jusqu'à 45 minutes ici," nous dit Google Maps de Cap Forchu. Ce fait pourrait ou non amuser les cinéastes qui y ont passé des semaines, à se battre contre des conditions bibliques. "Il a neigé en Mai," note Dafoe.)

A l'exception du modèle Moldave Valeriia Karaman, qui fait plusieurs brèves, bien que mémorables, apparitions dans son premier film, Pattinson et Dafoe sont les seuls membres du casting, et leur lutte de pouvoir est l'objet principal du film, avec un point de vue qui change de camp comme la bôme d'un voilier lors d'une tempête. Son succès ou son échec repose lourdement sur leurs épaules. 

Pattinson et Dafoe sont tous les deux de grandes stars. Ce sont aussi des hommes de différentes générations, avec différentes origines, de différents pays et traditions. The Lighthouse n'a pas été un film facile à réaliser pour un certain nombre de raisons - l'emplacement éloigné, la météo déchaînée - mais l'un des défi du cinéaste était les approches contrastées des deux acteurs. 

"Ils avaient vraiment une alchimie incroyable à l'écran," me confie le réalisateur Eggers au téléphone, "mais c'était une alchimie à travers la tension. Je sais qu'il a été question de leurs différentes techniques de jeu et des conditions difficiles sur le tournage..." Il marque une pause. "Cela n'aurait pas pu être mieux pour le film."

Si vous vous trouviez à Halifax au début du printemps 2018, vous avez peut-être remarqué un jeune solitaire svelte qui marchait dans les rues jour après jour en marmonnant pour lui-même et vous vous êtes senti concerné par son bien-être émotionnel. Si vous l'aviez suivi, et écouté attentivement, vous auriez peut-être entendu les mêmes mots maintes et maintes fois dans une voix grave : "“Woyt poyn, woyt poyn, woyt poyn…” Pardon ? "Woyt poyn, woyt poyn...”

"Un pin blanc," a déclaré le jeune homme svelte dans mon dictaphone, 18 mois plus tard, avec l'accent d'un garçon du sud-ouest de Londres bien élevé, plutôt que celui d'un ouvrier du 19ème siècle originaire d'une région très spécifique du Maine. Le pin blanc - désolé, woyt poyn - est l'un des arbres énumérés par son personnage lorsqu'il raconte à son collègue ses mésaventures passées en tant que bûcheron. Pattinson a développé l'accent avec l'aide d'un coach en dialecte et en parlant au téléphone à un pêcheur de homard du Maine. "C'est un de ces accents où, si vous dites une syllabe de la mauvaise manière c'est soudainement du jamaïcain, ou quelque chose du genre," dit-il. "Donc ça prend du temps."

Pattinson est arrivé plus tôt à Halifax, avant son réalisateur et son partenaire, pour se mettre dans la peau du personnage du sévère Ephraim. Après avoir approché Eggers après avoir vu The Witch, dans l'espoir qu'ils puissent travailler un jour ensemble, Pattinson a décliné la première proposition du réalisateur, un rôle plus conventionnel dans un film grand public que le réalisateur était entrain d'élaborer. 

"Il a dit qu'il ne s'intéressait qu'à faire des choses étranges," dit Eggers. "Donc quand The Lighthouse est arrivé, j'ai dit que s'il ne trouvait pas cela assez étrange, je suppose que nous ne travaillerons jamais ensemble."

C'est vrai, dit Pattinson, qu'en 2016, il "voulait faire les choses les plus étranges au monde." (Mission accomplie, Rob !) Pourtant, il a passé beaucoup de temps à se demander s'il fallait ou non prendre le rôle de The Lighthouse. "Je me souviens qu'après l'avoir lu je trouvais cela très drôle, mais je me suis aussi dit, 'Je ne comprends pas comme cela va fonctionner ?"

Lorsque Dafoe a signé, Pattinson était excité. "Je savais que Willem pouvait apporter ce genre d'énergie anarchique," dit-il, "mais je ne savais vraiment pas comment j'allais le faire." Dafoe, dit-il, dans l'un de ses nombreux moments de modestie, "a l'un de ces visages avec lequel il peut littéralement s’asseoir n'importe où dans le monde, ne faire presque rien, et être fascinant à regarder. Tandis que je me fonds dans la chaise sur laquelle je suis assis."

Avant le début du tournage, ils ont passé une semaine en répétition. Pattinson n'aime pas répéter, préférant faire ses expérimentations devant la caméra. "C'était très, très frustrant," dit-il. "Je ne pouvais tout simplement pas faire ce qu'ils voulaient que je fasse dans cette pièce. Robert [eggers] commençait à être furieux contre moi, parce que j'étais assis là, complètement monotone. Il ne le supportais pas." Pattinson raconte l'histoire sans aucune rancune. Il sait que cela à l'air drôle, mais ce n'était pas le cas à l'époque. "Je ne sais tout simplement pas comment faire une performance avant de la faire. A la fin de la semaine, je me suis dit, 'Je vais me faire virer avant même que nous ayons commencé.' Je pense vraiment, qu'avec la période de répétition, nous étions assez fâchés l'un contre l'autre à la fin. Littéralement, nous finissions la journée, je claquais la porte et je rentrais chez moi

"Je savais que leurs attentes diminuaient tout au long de la semaine de répétition," dit-il. "Je suis définitivement devenu un outsider. Ils se disaient, 'Wow, c'est une grosse erreur. Il est vraiment merdique."

J'ai discuté avec Pattinson par une chaleureuse matinée du mois d'Août, dans le confort d'un club privé à l'Ouest de Londres, proche de l'appartement qu'il a loué pour l'été sur Airbnb. (Il est en ville pour tourner le nouveau film de science fiction de Christopher Nolan, Tenet, sur lequel il est autorisé à nous dire, avec des excuses, absolument rien.) Plutôt que d'avaler du kérosène et d'enchaîner les cigarettes, comme dans le film, il commande un smoothie à la banane et une fois terminé, un jus de pomme. De temps en temps, il vapote sa Juul. 

Pattinson a 33 ans. Il a grandi dans la ville aisée de Barnes, c'est le fils d'un concessionnaire de voitures anciennes et d'un agent de mannequin. Plus ou moins sans formation - sauf si vous comptez du théâtre d'amateur adolescent - à 19 ans, il est choisi pour interpréter Cedric Diggory, le héros condamné, dans Harry Potter et la coupe de feu. mais sa percée à Hollywood arrive en 2008. Twilight est un film de série B pour adolescent, mais c'est devenu un phénomène pop culte, produisant 4 suites au charme décroissant, générant 3.3 milliards de dollars dans le monde et faisant de ses leaders des mégastars, Pattinson, qui jouait le vampire sexy et Kristen Stewart, qui est devenue sa petite-amie à l'écran comme dans la vraie vie, comme ils disent, avant de devenir son ex-petite amie dans une frénésie inconvenante. 

Alors que pour certains il est toujours le pâle idole des jeunes, au cours des 6 années qui se sont écoulées depuis le dernier épisode de Twilight, Pattinson a travaillé dur pour se réinventer. Ses années de jeune adulte ont été résolument peu commerciales et extrêmement aventureuses. Au cours de cette période, Pattinson a travaillé avec certains des réalisateurs les plus renommés du cinéma : David Cronenberg, Anton Corbijn, James Gray, Werner Herzog, the Safdie brothers. Plus récemment, il était un naufragé inter galactique dans High Life, une science-fiction dystopique agréable, bien que dingue, de la réalisatrice française Claire Denis. 

"Même durant les années Twilight je n'ai jamais dit, 'Oh, c'est juste un beau garçon,'" dit Robert Eggers. "J'ai toujours pensé qu'il y avait quelque chose d'intéressant chez lui. Je pouvais dire qu'il voulait être un grand acteur. Et ces dernières années, c'est très clair qu'il l'est."

Selon Pattinson, le fait d'être plus attiré par du matériel d'avant-garde ou extravagant lui permet de se laisser aller d'une manière qui ne serait pas possible dans la vraie vie. Pattinson compare l'expérience de jouer dans un film comme The Lighthouse avec une virée en voiture volée. "Beaucoup des films que j'ai faits récemment, tu as littéralement l'impression d'avoir volé une voiture et de foncer dans des trucs." (Tels sont les fantasmes, peut-être, d'un garçon qui a grandi avec un père qui importait des voitures de sport américaines pour gagner sa vie.)

En personne, Pattinson est un acteur anglais aux manières douces, quoique légèrement excentrique. Sur un tournage, cependant, "parce que tu joues un fou, cela signifie que que tu peux en quelque sorte être fou tout le temps. Enfin, pas tout le temps, mais environ une heure avant la scène."

Qu'est-ce qu'il entend par être en fou ? "Tu peux littéralement t'asseoir sur le sol en grognant et en léchant des flaques de boue."

Cela semble figuratif. Il le pense vraiment. Dans The Lighthouse, dans une scène durant laquelle son personnage est censé être saoul au kérosène (il y en a plusieurs), il était "en fait inconscient durant toute la scène. C'était dingue. J'ai passé tellement de temps à me faire vomir. A me pisser dessus. C'est le truc le plus révoltant. Je ne sais pas, c'est peut-être vraiment agaçant."

C'est difficile de ne pas penser que oui, cela pouvait être très ennuyeux. "Il y a une scène," se souvient Pattinson, "où Willem dort sur moi et nous sommes vraiment, vraiment saoul et j'ai l'impression que nous sommes complètement perdus dans la scène et je suis assis là, essayant d'avoir la nausée et Robert [eggers] m'a dit d'arrêter car Willem le regardait genre : 'S'il me vomit dessus, je quitte le plateau.' Je n'avais absolument pas conscience que tout ce drame se jouait."

Pattinson admet qu'à certains égards, tout ce passage à l'acte est une réaction à sa terrifiante super-célébrité. Il parle de lui à la seconde personne quand il en parle. "Pendant longtemps, tu manques d'assurance dans la rue. Tu te caches beaucoup, donc [sur un plateau] tu as une excuse pour être sauvage. C'est comme d'être drogué à l'adrénaline. Et puis, quand tu ne sais pas comment faire quelque chose, pourquoi ne pas simplement y aller tête la première ? Pour voir ce qui se passe. Je n'ai pas d'autres idées."

Sur The Lighthouse, il tournait en rond entre chaque prise, pour se déséquilibrer. Il a mis une pierre dans l'une de ses chaussures, pour aggraver les difficultés physiques déjà considérables. Il peut voir - de part mon rire incrédule - que tout ces exercices sont drôles, voir même absurde pour des non-acteurs. Il se peut que cela sonne ainsi également pour certains acteurs.

La plus célèbre histoire (probablement apocryphe) d'une rencontre entre un adhérent de La Méthode - dans laquelle les acteurs ne prétendent pas être quelqu'un d'autre mais essaient de le devenir temporairement - et un acteur plus traditionnel, qui met un costume et vous fait croire les choses, c'est celle de Laurence Olivier et Dustin Hoffman, quand ils ont travaillé ensemble pour Marathon Man de John Schlesinger. A un moment donné, Hoffman, diplômé de l'Actors Studio, a confié au grand acteur anglais shakespearien que, pour donner de la vraisemblance à une scène dans laquelle son personnage n'a pas dormi durant 3 nuits consécutives, il s'est forcé à rester éveillé durant la même période. "Mon cher garçon," aurait répondu Olivier, "Pourquoi ne pas simplement essayer de le jouer ?"

Egers dit que toute suggestion de ce type de relation entre Dafoe et Pattinson est loin de la vérité. "L'idée que Dafoe est traditionnel et que Rob est un acteur de la Méthode n'est pas vraie. Je pense qu'ils penchent un tout petit peu dans ces directions, mais ils sont tous les deux une combinaison de choses."

Trois semaines avant mon interview avec Pattinson, je suis allé chercher Willem Dafoe chez Coach and Horses, le pub de Greek Street, où Alasdair McLellan a pris les photos pour ces pages et j'ai marché avec lui, pendant un après-midi ensoleillé de Soho, jusqu'à un club privé sur Dean Street, où nous nous sommes assis sur une banquette dans un coin de l'arrière salle et où nous avons doublé notre poids avec de l'eau gazeuse.

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(Était-ce intimidant de travailler avec Dafoe ? Ai-je demandé à Pattinson. "Oui," dit-il. Genre : A quoi tu penses putain ?)

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Je me demande si, en tant qu'acteur le plus âgé sur un film comme The Lighthouse, il a déjà été amené à offrir à ces jeunes co-stars le bénéfice de sa sagesse ? "Non. Je n'essaie jamais de marcher sur leurs pieds, ou de leur donner des conseils ou des idées. Je ne peux que participer à la scène. Mais je suis très clair, je veux dire, je pense que je le suis." il sourit de son sourire édenté. "Peut-être que je me dis des conneries. Allez demander à Pattinson si je lui ai déjà donné un conseil. Non ! Je ne voudrais pas donner un conseil à quiconque. Même s'ils l'ont demandé. J'essaierai probablement d'être gentil parce que tout le monde doit trouver sa propre voie. Je dois trouver ma propre voie."

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Dafoe partage avec Pattinson une profession et une certaine ressemblance physique - "Le nez, les pommettes et les dents, si vous voyez ce que je veux dire," comme le dit Eggers. A partir de là les similitudes commencent peut-être à s'amincir. Dafoe est confiant et déterminé dans ses opinions, là où Pattinson est flou et indécis. Pattinson a cette maladresse très anglaise "Qui-Moi ?"; il vibre à une haute fréquence, dégage une énergie nerveuse. Dafoe est cool et cérébrale.

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"Nous travaillions dur tous les deux, dans des conditions très difficiles," explique Dafoe de ses interactions avec Pattinson. "Ce n'est pas comme si nous traînions entre deux prises, en plaisantant. C'était assez exigeant et le temps était assez merdique pour que vous fassiez ce que vous deviez faire, puis vous rentriez chez vous. Je ne me plains pas. C'était amusant. Mais quand vous rentrez chez vous après 12h et que vous êtes trempé et avez eu froid toute la journée, la dernière chose que je voulais faire après avoir passé toute la journée avec ces gars c'était de passer du temps avec eux et de prendre un verre."

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Quand j'ai demandé à Pattinson de me parler de son personnage, conscient du gnangnan de la question - "Qui est Ephraim Winslow ?" - 5 à 7 minutes d'explications décousues ont suivi, tout en  se passant la main dans ses cheveux et faisant des grimaces. "Comment cela s'appelle-t-il quand vous faites briller une lumière à travers quelque chose est que cela crée un spectre ? Oui, un prisme." Pause. "C'est un élan émotionnel qui tente de s'imposer dans un cerveau qui n'a pas le mécanisme pour..." Pause. "Il ne sait pas qui il est. Il a une crise d'identité. Je veux dire, c'est un foutu psychotique." Pause. "Je suis terrible à cette question."

Quand j'ai demandé à Dafoe la même chose - "Qui est Thomas Wick ?" - sans hésiter il a répondu : "Thomas Wick c'est moi si j'étais Thomas Wick." Et il a levé un sourcil sardonique.

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"Willem est vraiment doué pour parler du jeu d'acteur," note Pattinson avec admiration. "Il est très clair sur sa technique."

Pattinson, a peut-être, encore quelque chose à prouver, à lui-même si ce n'est à personne d'autre. Dafoe, pas tellement.

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Ce n'est pas non plus le seul film de Robert Pattinson à venir. Il y a The King, la reprise de Henry V de David Michôd, avec Timothée Chalamet dans le rôle principal et Pattinson dans celui du Dauphin de France. The Devil All The Time, une adaptation du roman gothique et insidieux de Donald Ray Pollock, dans lequel il joue un prédicateur évangélique pervers dans les profondeurs du sud des années 50. En attendant les barbares, d'après le roman de JM Coetzee, avec Johnny Depp et Mark Rylance. The Stars at Noon, de nouveau de Claire Denis, basé sur le roman de Denis Johnson.

Pendant ce temps, il se prépare pour son rôle principal le plus médiatique depuis Twilight, celui du justicier masqué dans The Batman. "C'est assez dingue. J'étais loin de penser que c'était une perspective réaliste. Je ne comprends vraiment pas comment je l'ai eu," dit-il. Le reste d'entre nous pourrait penser qu'il l'a eu parce qu'il est l'une des stars masculine les plus vue et imprévisible en ce moment. Et, comme le note Dafoe, il a certainement la mâchoire pour cela.

The Lighthouse a été accueilli avec ravissement à Cannes. Pattinson dit qu'il a été agréablement déconcerté par la réaction de la Croisette, où le public semblait particulièrement émerveillé par les éléments comiques du film. "Je pensais que c'était sérieux, sombre et un peu triste," a-t-il déclaré à propos de sa propre première impression, après avoir vu le film à Los Angeles. "J'ai été assez choqué par cela."

Dafoe est zen sur la façon dont le film sera reçu, comme cela semble être le cas pour beaucoup de choses. Ce film ne définira pas la carrière d'un des deux acteurs. Et le réalisateur, incontestablement doué, passera à autre chose. Mais c'était une expérience qu'aucun d'entre eux n'oubliera pas.

"Je pense que c'est un beau film," dit Dafoe. "Terriblement maladroit, également."

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