Update : Ajout de la traduction :
Toronto (AP) - "Bizarre" est un mot vague et imprécis, mais c'est probablement juste de dire qu'il peut être appliqué à un film en noir et blanc qui parle des batailles psychologiques fiévreuses et des visions explicites sur des sirènes de deux gardiens de phares isolés et devenant fous dans les années 1890 dans le Maine.
Pour l'auteur-réalisateur Robert Eggers, le réel et le mythique se rencontrent de manière étrange et hallucinatoire. Il réalise des films d'époque très recherchés, qui ont néanmoins un côté conte de fée irréel. Son premier film, le film d'horreur "The Witch" de 2015, ne se déroulait pas seulement en 1630, mais découlait des vrais contes et cauchemars d'une famille dans une Nouvelle-Angleterre puritaine.
Maintenant, il s'est légèrement déplacé vers le nord pour "The Lighthouse", un conte gothique encore plus intense avec des destins encore pires, victimes de la faune et flore locale. Une chèvre a une place prédominante dans "The Witch". Les mouettes jouent un rôle important dans "The Lighthouse".
Il en va de même pour Robert Pattinson et Willem Dafoe, qui jouent les deux marins qui sont les seuls à s'occuper d'un phare isolé. Dafoe est Thomas Wake, un vieux loup de mer tyrannique et le possessif "gardien de la lumière," et Pattinson est son nouveau et progressivement frustré et détraqué assistant, Efraim Winslow. Les images expressionnistes et l'atmosphère brûlante rappelle quelque chose de Bergman, si on le transplante dans la Suède du Nord-Est de Melville. Mais il y a des allusions à une trame encore plus étrange.
"J'espère que les gens vont y aller et se dire, '(Juron), je regarde un film d'art et d'essai hongrois ennuyeux,'" dit Eggers. Et ensuite, Willem commence à péter et cela indique qu'il se passe autre chose.
C'est peut-être approprié qu'un film, avec autant de vent soufflant en rafale, une mer houleuse et le son de la corne de brume du phare, commence par signaler sa dimension plus comique avec des flatulences. Alors que le ton dérangé du film s'accentue, son humour grandit également. Slate a parfaitement résumé "The Lighthouse" comme étant un "pet artistique." Sa sortie s'étend nationalement ce week end.
"Pour moi c'était un mea culpa après "The Witch"", explique Eggers, s'entretenant aux côtés de Pattinson et Dafoe en interview. "Je voulais faire un autre film misérable mais je voulais également pouvoir rire de cette misère. Ces gars-là sont des artistes hilarants et vraiment comiques. Je craignais même que le film ne soit trop drôle après le tournage. Ce n'est pas une surprise pour Willem, mais Rob est un comédien très physique et il y a des moments à la Buster Keaton et des choses que nous avons coupé car c'était trop. Mais il y est allé à fond."
Dafoe et Pattinson sont des interprètes très différents mais "y aller à fond" a été un modus operandi pour chacun d'entre eux. Pattinson, en particulier a été ces dernières années, dans une quête auto proclamée de "l'étrangeté", un point qu'il reconnaît avoir peut-être poussé à l'extrême dans "The Lighthouse".
"Je pense vraiment que vous ne pouvez pas trouver quelque chose de plus étrange," dit Pattinson. "Mais ce n'est pas étrange pour être étrange. Je pense que ce que je voulais dire c'est que c'était simplement original. Chaque fois que vous trouvez quelque chose pour laquelle vous n'avez pas vraiment d'archétype à intégrer, vous n'avez pas de béquille sur laquelle vous appuyez, c'est toujours excitant."
Eggers a d'abord proposé à Pattinson un rôle très différent qu'il décrit comme un "gentleman chic qui boit du sherry." (Eggers a été a deux doigts de faire un remake du classique de 1922, "Nosferatu.") Lorsque Pattinson a dit non, le réalisateur de 36 ans a réalisé que l'acteur cherchait quelque chose de plus impénétrable.
"Je ne sais pas comment décrire mon personnage," dit Pattinson en souriant. "C'est ce que je recherche toujours."
La production, bien que moins éprouvante que les épreuves décrites dans "The Lighthouse", était, dit Eggers joyeusement, "extrêmement misérable." Il a été tourné sur la côte sud rocheuse et balayée par le vent de la Nouvelle-Écosse. Là-bas, Eggers et son directeur artistique, Craig Lathrop, ont construit un phare de 20 mètres avec un faisceau en état de marche, capable de briller sur 25 km. A la première du film à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, Dafoe a plaisanté en disant que les seuls animaux qui ont été blessés lors du tournage du film étaient lui et Pattinson.
"Les acteurs adorent parler de cela et c'est toujours un peu ennuyeux," dit Dafoe. "Mais c'est une part importante de ce film. Le temps et les conditions étaient une énorme partie. Cela raconte vraiment l'histoire. Nous communiquions avec la nature."
Pour Pattinson, l'environnement était étrangement réconfortant, même s'il considère que de courir sur un rocher avec des chaussures d'époque est le moment le plus terrifiant qu'il ait vécu sur un tournage. "Je me sentais très à l'aise quand j'étais là-bas," dit Pattinson.
Même si la production s'est inspirée de son environnement naturel, la caméra d'Eggers était précisément orchestrée. Eggers, qui a co-écrit le scénario avec son frère, Max Eggers, a tourné le film en 35 mm. Il est projet dans un format d'image carré de 1:19:1, ajoutant à l'atmosphère antique et fantomatique du film.
"C'est très proche de ce que j'avais imaginé, bien plus que "The Witch". C'est en partie parce que je sais mieux ce que je fais. C'est aussi en partie parce que j'avais plus d'argent," dit Eggers.
Pour le natif du New Hampshire, la recherche fait partie intégrante de son travail de cinéaste, ce qui inclut de chercher dans de vieux et rares dictionnaires pour le dialecte d'époque. Il a d'abord été inspiré par un vrai récit de deux gardiens de phare - l'un plus âgé, l'autre plus jeune - avec le même nom. "The Lighthouse" comprend de longues sections de dialogues, d'anciens chants marins et des lignes inoubliables. Dafoe reconnaît qu'une de ces citations - "Cela porte malheur de tuer un oiseau de mer" - lui est restée. "Je l'ai probablement dit plusieurs fois, comme sous la douche par exemple." dit-il en riant.
Le langage du film a conduit à des comparaisons naturelles avec le théâtre. "The Lighthouse" ressemble un peu à une comédie menaçante de Pinter. Comme un bînome de masculinité brute, il rappelle une pièce de Sam Shepard. Dafoe, cependant, le compare à une comédie musicale dont le rythme oscille entre l'activité et la méditation.
"Ce n'était pas deux singes dans une cage," dit Dafoe. "C'était un lion et un singe, ou quelque chose comme cela."
Quelque soit l'animal en cage, ces paysages extrêmes, ce drame, cette cinématographie créent une tension pour les acteurs qui alimente l'atmosphère fébrile.
"Il y a quelque chose à propos des particularités de tout ce que vous devez vivre durant les scènes. Cela crée une sorte de pression qui est vraiment difficile à obtenir dans d'autres circonstances," dit Pattinson. "Il y a des scènes où il y a tellement d'éléments dedans, cela crée un tel niveau de frustration car vous devez mettre tous ces éléments différents dans le même genre de flux. On avait l'impression qu'il était élevé."
Pour Dafoe, "The Lighthouse" est peut-être plus intense, mais ce n'est pas étrange. Aussi étrangement spécifique (et péteux) que soit le film, la dynamique entre Wake et Winslow n'est pas juste au large des côtes du Maine au 19ème siècle, mais partout.
"L'histoire de base est très réaliste. Deux gars se retrouvent coincés et commencent à travailler l'autre pour dominer leur sentiment de bien-être. Mais ils le font de manière tellement agressive, car ils sont tous les deux menacés," explique Dafoe. "Ils ne sont pas opposés, mais ils se défient. Et c'est une histoire passionnante. Nous vivons cela tous les jours à une échelle différente. Cela me fait penser aux pères et aux fils, aux patrons et aux employés, aux croyants et aux non-croyants - un déluge de choses."
Pour l'auteur-réalisateur Robert Eggers, le réel et le mythique se rencontrent de manière étrange et hallucinatoire. Il réalise des films d'époque très recherchés, qui ont néanmoins un côté conte de fée irréel. Son premier film, le film d'horreur "The Witch" de 2015, ne se déroulait pas seulement en 1630, mais découlait des vrais contes et cauchemars d'une famille dans une Nouvelle-Angleterre puritaine.
Maintenant, il s'est légèrement déplacé vers le nord pour "The Lighthouse", un conte gothique encore plus intense avec des destins encore pires, victimes de la faune et flore locale. Une chèvre a une place prédominante dans "The Witch". Les mouettes jouent un rôle important dans "The Lighthouse".
Il en va de même pour Robert Pattinson et Willem Dafoe, qui jouent les deux marins qui sont les seuls à s'occuper d'un phare isolé. Dafoe est Thomas Wake, un vieux loup de mer tyrannique et le possessif "gardien de la lumière," et Pattinson est son nouveau et progressivement frustré et détraqué assistant, Efraim Winslow. Les images expressionnistes et l'atmosphère brûlante rappelle quelque chose de Bergman, si on le transplante dans la Suède du Nord-Est de Melville. Mais il y a des allusions à une trame encore plus étrange.
"J'espère que les gens vont y aller et se dire, '(Juron), je regarde un film d'art et d'essai hongrois ennuyeux,'" dit Eggers. Et ensuite, Willem commence à péter et cela indique qu'il se passe autre chose.
C'est peut-être approprié qu'un film, avec autant de vent soufflant en rafale, une mer houleuse et le son de la corne de brume du phare, commence par signaler sa dimension plus comique avec des flatulences. Alors que le ton dérangé du film s'accentue, son humour grandit également. Slate a parfaitement résumé "The Lighthouse" comme étant un "pet artistique." Sa sortie s'étend nationalement ce week end.
"Pour moi c'était un mea culpa après "The Witch"", explique Eggers, s'entretenant aux côtés de Pattinson et Dafoe en interview. "Je voulais faire un autre film misérable mais je voulais également pouvoir rire de cette misère. Ces gars-là sont des artistes hilarants et vraiment comiques. Je craignais même que le film ne soit trop drôle après le tournage. Ce n'est pas une surprise pour Willem, mais Rob est un comédien très physique et il y a des moments à la Buster Keaton et des choses que nous avons coupé car c'était trop. Mais il y est allé à fond."
Dafoe et Pattinson sont des interprètes très différents mais "y aller à fond" a été un modus operandi pour chacun d'entre eux. Pattinson, en particulier a été ces dernières années, dans une quête auto proclamée de "l'étrangeté", un point qu'il reconnaît avoir peut-être poussé à l'extrême dans "The Lighthouse".
"Je pense vraiment que vous ne pouvez pas trouver quelque chose de plus étrange," dit Pattinson. "Mais ce n'est pas étrange pour être étrange. Je pense que ce que je voulais dire c'est que c'était simplement original. Chaque fois que vous trouvez quelque chose pour laquelle vous n'avez pas vraiment d'archétype à intégrer, vous n'avez pas de béquille sur laquelle vous appuyez, c'est toujours excitant."
Eggers a d'abord proposé à Pattinson un rôle très différent qu'il décrit comme un "gentleman chic qui boit du sherry." (Eggers a été a deux doigts de faire un remake du classique de 1922, "Nosferatu.") Lorsque Pattinson a dit non, le réalisateur de 36 ans a réalisé que l'acteur cherchait quelque chose de plus impénétrable.
"Je ne sais pas comment décrire mon personnage," dit Pattinson en souriant. "C'est ce que je recherche toujours."
La production, bien que moins éprouvante que les épreuves décrites dans "The Lighthouse", était, dit Eggers joyeusement, "extrêmement misérable." Il a été tourné sur la côte sud rocheuse et balayée par le vent de la Nouvelle-Écosse. Là-bas, Eggers et son directeur artistique, Craig Lathrop, ont construit un phare de 20 mètres avec un faisceau en état de marche, capable de briller sur 25 km. A la première du film à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, Dafoe a plaisanté en disant que les seuls animaux qui ont été blessés lors du tournage du film étaient lui et Pattinson.
"Les acteurs adorent parler de cela et c'est toujours un peu ennuyeux," dit Dafoe. "Mais c'est une part importante de ce film. Le temps et les conditions étaient une énorme partie. Cela raconte vraiment l'histoire. Nous communiquions avec la nature."
Pour Pattinson, l'environnement était étrangement réconfortant, même s'il considère que de courir sur un rocher avec des chaussures d'époque est le moment le plus terrifiant qu'il ait vécu sur un tournage. "Je me sentais très à l'aise quand j'étais là-bas," dit Pattinson.
Même si la production s'est inspirée de son environnement naturel, la caméra d'Eggers était précisément orchestrée. Eggers, qui a co-écrit le scénario avec son frère, Max Eggers, a tourné le film en 35 mm. Il est projet dans un format d'image carré de 1:19:1, ajoutant à l'atmosphère antique et fantomatique du film.
"C'est très proche de ce que j'avais imaginé, bien plus que "The Witch". C'est en partie parce que je sais mieux ce que je fais. C'est aussi en partie parce que j'avais plus d'argent," dit Eggers.
Pour le natif du New Hampshire, la recherche fait partie intégrante de son travail de cinéaste, ce qui inclut de chercher dans de vieux et rares dictionnaires pour le dialecte d'époque. Il a d'abord été inspiré par un vrai récit de deux gardiens de phare - l'un plus âgé, l'autre plus jeune - avec le même nom. "The Lighthouse" comprend de longues sections de dialogues, d'anciens chants marins et des lignes inoubliables. Dafoe reconnaît qu'une de ces citations - "Cela porte malheur de tuer un oiseau de mer" - lui est restée. "Je l'ai probablement dit plusieurs fois, comme sous la douche par exemple." dit-il en riant.
Le langage du film a conduit à des comparaisons naturelles avec le théâtre. "The Lighthouse" ressemble un peu à une comédie menaçante de Pinter. Comme un bînome de masculinité brute, il rappelle une pièce de Sam Shepard. Dafoe, cependant, le compare à une comédie musicale dont le rythme oscille entre l'activité et la méditation.
"Ce n'était pas deux singes dans une cage," dit Dafoe. "C'était un lion et un singe, ou quelque chose comme cela."
Quelque soit l'animal en cage, ces paysages extrêmes, ce drame, cette cinématographie créent une tension pour les acteurs qui alimente l'atmosphère fébrile.
"Il y a quelque chose à propos des particularités de tout ce que vous devez vivre durant les scènes. Cela crée une sorte de pression qui est vraiment difficile à obtenir dans d'autres circonstances," dit Pattinson. "Il y a des scènes où il y a tellement d'éléments dedans, cela crée un tel niveau de frustration car vous devez mettre tous ces éléments différents dans le même genre de flux. On avait l'impression qu'il était élevé."
Pour Dafoe, "The Lighthouse" est peut-être plus intense, mais ce n'est pas étrange. Aussi étrangement spécifique (et péteux) que soit le film, la dynamique entre Wake et Winslow n'est pas juste au large des côtes du Maine au 19ème siècle, mais partout.
"L'histoire de base est très réaliste. Deux gars se retrouvent coincés et commencent à travailler l'autre pour dominer leur sentiment de bien-être. Mais ils le font de manière tellement agressive, car ils sont tous les deux menacés," explique Dafoe. "Ils ne sont pas opposés, mais ils se défient. Et c'est une histoire passionnante. Nous vivons cela tous les jours à une échelle différente. Cela me fait penser aux pères et aux fils, aux patrons et aux employés, aux croyants et aux non-croyants - un déluge de choses."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire