Traduction française :
Robert Pattinson a poursuivi une carrière éclectique depuis qu'il est devenu une icône de la culture pop dans le rôle d'Edward dans les films Twilight. Plutôt que de miser sur sa célébrité en jouant un rôle de blockbuster en blockbuster, il s'est engagé dans une voie plutôt décalée, en travaillant avec des réalisateurs qui sont en dehors du système hollywoodien, tel que David Cronenberg dans Maps to the stars et Cosmopolis, David Michod dans The Rover et James Gray dans The Lost City of z. Il est donc logique qu'il s'associe désormais avec la cinéaste française Claire Denis, l'artiste iconoclaste derrière des films comme Beau Travail (1999), Trouble every day (2001) et White Material (2009).
Dans High Life, la première incursion de Denis dans la science-fiction - bien qu'elle hésite à l'appeler comme cela - Pattinson joue Monte, l'un des criminels qui échangent leurs peines contre un voyage expérimental vers un trou noir. Supervisée par une autre prisonnière et médecin (Juliette Binoche), qui utilise l'équipage pour faire ses propres expériences sur la reproduction humaine, la mission, apparemment condamnée, sombre dans le chaos. Mais Monte trouve l'espoir et une raison de vivre quand il devient inopinément père.
Le film penche plus vers le côté plus cérébrale et ésotérique de la science-fiction, et les fans de classiques comme Solaris de Tarkovsky, Dark Star de Carpenter et 2001 : l'odyssée de l'espace de Kubrick y trouveront leur bonheur. Pattinson réussit à être le centre moral et humain du film sans dire beaucoup de choses, tandis que Denis déploie son récit mystérieux qui porte sa marque de fabrique pour créer une expérience surréaliste, parfois dure, mais finalement poignante.
On verra bientôt Pattinson dans The Lighthouse, le prochain film de Robert Eggers après The Witch, mais il revient aussi dans le cinéma épique, en étant une des vedettes du nouveau projet de Christopher Nolan, qui n'a pas encore de nom, mais entre-temps, Den of Geek a parlé avec lui et Denis récemment à Los Angeles de High Life, du travail avec des bébés, du vrai trou noir et plus encore.
Den of Geek : Est-ce que votre première conversation ensemble parlait de faire ce film ?
Claire Denis : Oui. Je pense que c'est le genre de moment où vous dites des choses qui ne veulent pas dire beaucoup. Vous savez ? Juste pour se rencontrer. Moi, je ne sauterai jamais sur un acteur ou une actrice pour essayer de lui dire de quoi parle ce film. Non. Je pense que c'est plus important de sentir qu'il est possible de se supporter. De prendre un café ensemble. De fumer une cigarette. Je ne me souviens pas.
Robert Pattinson : Je pense que lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois, je n'avais lu qu'un document de 20 pages, mais je ne l'ai pas vraiment compris au début, donc j'ai évité d'en parler pour ne pas avoir l'air idiot, donc j'ai simplement parlé d'autres choses. Je pense que c'est plus agréable de commencer quelque chose qui n'est pas complètement figé, il y avait des éléments très très fort dedans, mais je pense que pour quelque chose qui semblait assez audacieux, cela semblait moins difficile à aborder car il y avait beaucoup de place pour le développer.
Avez-vous l'impression de vous mettre plus de pression quand vous travaillez avec un réalisateur comme Claire ou David Cronenberg ?
Pattinson : Je pense que c'est en fait moins de pression, car si vous décidez de travailler avec quelqu'un car vous aimez ce qu'il fait, alors vous ne songez pas à essayer de faire leur travail. Donc, même s'il y a quelque chose que vous ne comprenez pas vraiment, je ne voudrais jamais m'imposer dans son processus. Alors que s'il y a quelqu'un en qui vous n'avez pas 100% confiance, vous commencez à parler aux producteurs, à l'équipe, je ne sais pas, je pers un peu confiance en le réalisateur... Ces moments là sont assez stressant.
Denis : C'est comme d'aller quelque part, mais ne pas avoir de carte, à la fin, cela signifie plus ou moins que vous devez vous faire confiance. J'avais vraiment l'impression de déjà travailler avec toi. Comme si c'était normal de se voir sur le plateau tous les jours.
Pattinson : Il y a aussi eu une longue préparation. Avant de commencer à tourner, nous nous sommes vus durant 2 ans au moins, tous les quelques mois. Et nous en parlions, donc ce n'était pas trop de boulot.
C'est en quelque sorte, pour tous les deux, votre première incursion dans la science-fiction. Selon vous qu'est ce qui fonctionne dans ce genre et qu'est-ce qui vous attire à ce sujet ?
Denis : Les genres, pour moi, sont formidables, car ils étaient destinés, il y a longtemps à Hollywood, à faire preuve d'inventivité, à réutiliser les décors, à faire des films à petit budget avec ce qu'il restait des autres films. J'aurai adoré être un de ces réalisateurs : hé, nous avons ce truc en bambou, est-ce qu'on pourrait faire une photo dans la jungle avec ? Je veux dire, j'adore cette idée. C'est génial pour moi.
Donc quand je dis que ce n'est pas un film de science-fiction, ce n'est pas parce que je n'aime pas la science-fiction. C'est parce que j'estime qu'il s'agit de choses qui ont déjà... Ce n'est pas comme créer une autre colonie dans une autre galaxie et de rencontrer des aliens. Vous savez ? Disons que cela pourrait être possible. Presque. Si nous avions la capacité d'aller aussi vite, pour que les gens ne meurent pas durant le voyage.
Qu'est-ce qui a fait que le personnage de Monte vous convenez, Robert ?
Pattinson : C'est étrange, car généralement j'essaie toujours de construire un personnage à partir des scènes de dialogue et il n'y en avait pas beaucoup en dehors de la voix off -- il n'y avait même pas beaucoup de voix off jusqu'à ce que nous finissions le film, donc j'ai essayé de le comprendre autour des 4 scènes les plus longues. Cette décontraction m'a vraiment attiré. J'étais à Cologne depuis quelques mois et j'essayais en quelque sorte de deviner intuitivement quelque chose plutôt que d'essayer de tout comprendre de cette macro histoire. Je pense que même Monte ne sait pas comment faire fonctionner le vaisseau. Il essaie littéralement de comprendre. Ce sont des prisonniers, ils ne savent rien.
Mais c'était intéressant, et vraiment je ne savais pas comment le faire. Je ne savais même pas quelle voix ou quel accent j'allais faire jusqu'à ce que je dise la première ligne. Donc c'est toujours très amusant de faire ça. Je ne savais vraiment pas.
Tout dans ce film à l'air rudimentaire. Il n'y a rien de futuriste ou brillant.
Denis : Le choix était simple, car quand nous avons visité l'agence spatiale européenne et que nous avons vu la vraie station spatiale, c'était très rudimentaire. C'est important de savoir où placer la brosse à dents. C'est important de s'assurer que les toilettes fonctionnent. Les choses comme ça, vous savez ? Donc dans un sens, j'étais surpris de voir à quel point nous étions proche.
Pattinson : Ce qui est intéressant, c'est que même là où ils dorment, dans la station spatiale internationale, c'est juste un sac de couchage et c'est tout. Ce n'est rien, ce n'est pas du tout comme dans Star Trek. Et vous avez justes des sangles partout pour tenir les affaire. Donc j'adore cette scène où je répare le mur, c'est comme de le réparer avec du ruban adhésif et de dire que ça fera l'affaire.
Claire, la structure du film est presque une métaphore sur la façon dont vous racontez des histoires dans vos autres films. Vous faites des allers-retours dans le temps et cette histoire parle de gens dont le voyage courbe le temps.
Denis : Oui, mais ce qui est étrange c'est que je ne pensais pas vraiment au temps, quand j'ai commencé. Je connaissais exactement le début (du film), mais j'ai du admettre que j'avais besoin de flashbacks. Ce n'était pas fait pour jouer avec le temps. Je l'ai fait naturellement, je suppose.
Avez-vous eu le temps de créer des liens avec les deux versions de sa fille, Willow ? La plus jeune et la plus âgée ?
Pattinson : Eh bien, je connaissais Scarlett, qui joue le bébé. C'est la fille de mon meilleur ami. Ma filleule. Nous avons eu un bébé différent et cela n'a pas vraiment fonctionné, donc Scarlett est arrivée le matin du premier jour. Je ne l'avais rencontrée qu'une heure, peut-être, quand elle était bébé, elle avait seulement quelques semaines, mais je me souvenais que ses parents la passait de bras en bras et qu'elle ne craignait pas d'être tenue par tout le monde, et elle était complètement à l'aise. Donc j'espérais qu'un an après elle serait toujours la même. C'est une fille très curieuse et elle est tellement à l'aise avec tout le monde. C'était un pari massif. J'ai trouvé qu'elle était vraiment incroyable.
Avez-vous vu la photo du trou noir qui est sortie cette semaine ? Cela ressemble étrangement à votre trou noir.
Denis : Ce n'est pas étrange. Je le savais. J'étais sûre d'avoir raison. J'ai du me battre pour cela et je ne pouvais donc pas me tromper. J'ai étudié et j'ai trouvé les couleurs à utiliser, et j'étais certaine que c'était la bonne chose à faire. Bien sûr, c'est ridicule de dire cela maintenant, mais c'est vrai. J'adore.
Pattinson : J'ai vu le test. Je suppose que quand j'ai vu le test pour la première fois c'était probablement quand Intestellar est sorti et ils avaient fait en quelque sorte la même chose... Quand j'ai vu le premier essai, c'était littéralement une ligne jaune. Cela avait l'air tellement puissant. C'était comme, waouh, c'est ça la singularité. Je pense que si quelque chose se rapproche de ce qu'est l'éternité, ce sera incroyablement plus simple que le reste. Je me suis dit que c'était une bonne idée. L'opposé de ce que ferait votre instinct.
En parlant d'Interstellar, vous allez travailler avec Christopher Nolan ensuite.
Pattinson : Oui. Nous commençons le mois prochain. Je ne peux rien dire, (mais) c'est vraiment cool. C'est un truc énorme. Je n'ai jamais rien fait de tel avant. Ça va être très excitant.
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