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dimanche 19 novembre 2023

Interview : Traduction de l'interview de Robert Pattinson et Barry Keoghan pour Wonderland Magazine

 Dans l'introduction de l'article, on y apprend que l'interview a été réalisée ce mois-ci en visio. 



Traduction  de l'interview : 

[...]

Aujourd'hui, il est rejoint par l'un des acteurs les plus incontournables d'Hollywood, Robert Pattinson, son ami et son collègue de The Batman. Le duo a le même charme espiègle et enfantin et dans les rares pauses où ils ne sont pas entrain de finir la phrase de l'autre, Pattinson et Keoghan mettent de côté leur admiration l'un pour l'autre et passent à l'essentiel : Quel est le plan de Barry Keoghan ? 

Barry Keoghan : Bravo pour cela, mec. Je n'ai jamais fait ce genre de choses. 

Robert Pattinson : Je suis très mauvais pour cela. J'ai réalisé il y a cinq minutes que je n'avais que des questions rapides. J'ai essayé d'écrire des questions. Je me disais : "Je ne sais pas quoi demander."

BK : Nous devrions commencer par les questions que tu as écrite [rires].

RP : Je les regardais tout à l'heure et ma première question était : "As-tu un plan ?" c'est quoi cette question ?

BK : [Rires] Bon, comment on commence ? Est-ce tu viens de me poser une question ? 


RP : Laisse-moi trouver la première question. Je me souviens d'avoir fait une interview il y a très longtemps avec [l'acteur] Jamie Bell. J'avais commencé en disant : "Ok, je ne veux pas parler de ton travail. Je veux seulement parler de ta vie personnelle. Tout ce que je veux savoir c'est : quels sont tes secrets ?" [Rires] J'ai regardé plusieurs de tes rôles hier soir et j'ai trouvé ce que j'aime vraiment à propos de ton style. Je suis curieux de savoir si tu le fais exprès ou si tu en es conscient. Cela m'a fait pensé à un boxeur constamment en mouvement. C'est vraiment engageant parce que lorsque tu prononces une réplique, c'est en contraste avec le mouvement et cela rend les choses imprévisibles. Est-ce quelque chose de naturel ?

BK : C'est le TDAH Rob [Rires]. Je suppose que c'est, tu sais, j'essaie de repérer des choses comme cela et j'essaie de les contrer. C'est un peu comme les petits tiques que nous avons, n'est ce pas ? Mais certains d'entre eux fonctionnent pour certains rôles et ils ajoutent une couche à cette imprévisibilité. Pour 'The Banshees of Inisherin' cela fonctionne, parce que tu peux vraiment te laisser aller. Ce n'est pas vraiment quelque chose de conscient. Je suppose que c'est de l'énergie, mec. Je sais que je plaisantais en le disant, mais c'est aussi le TDAH. Je bouge constamment. 

RP : Je trouve que si je fais une scène et que je finis par réaliser : "Oh, je suis resté vraiment immobile", je me fossilise et je deviens soudainement très conscient, il y a quelque chose d'intéressant à garder cela constant. Je ne l'avais pas vraiment remarqué auparavant, mais ensuite je me suis dit : "Oh c'est peut-être pour ça." Socialement, je pense que c'est l'une des choses que j'aime le plus chez toi. 

BK : Socialement, je suis comme cela aussi, lors d'évènements et autres. Je suis vraiment maladroit en société, mec. Je ne peux pas regarder les gens. Je commence à me gratter les cheveux ou à me sentir vraiment mal à l'aise. Mais quand je joue, je ne ressent pas vraiment cela, tu as en quelque sorte le droit d'être idiot. 

RP : Penses-tu que cela a changé au fur et à mesure que tu es devenu plus connu ? Penses-tu que tu es devenu plus ou moins gênant en société ?

BK : Plus bizarre. Et toi ? 

RP : Oh oui. Je peux à peine parler anglais. 

BK : [Rires] "Salut, je m'appelle Rob."

RP : Je pense aussi qu'une partie des gens qui sont attirés par le métier d'acteur lorsqu'ils sont jeunes, sont des personnes qui aiment vraiment faire des conneries et n'ont pas de scrupules à dire des conneries. Une seconde, mon alarme sonne. 

*Rob traverse sa maison en courant pour éteindre l'alarme*

BK : C'est probablement ma meilleure interview. 

RP : Une fois que tu commences à être connu, tu te dis : "Oh, ma capacité à être sociable était simplement basée sur le fait d'inventer des choses tout le temps." Et maintenant, il y a des conséquences à inventer des choses. 

BK : Sais-tu ce que c'est également ? Recevoir des compliments. Je trouve difficile de recevoir des compliments, mec. On me dit, "Bravo dans ce film!" Et puis, ils vous regardent et tu te dis : "Ok, qu'est-ce que je dis maintenant ? "Tu vois ce que je veux dire ? C'est des trucs comme cela, et c'est beau, mais ce n'est pas naturel. Tu ne sais pas quoi faire. Je trouve que je suis devenu beaucoup plus maladroit socialement et commence à l'assumer désormais lors des évènements, tu vois ce que je veux dire ? 

RP : Je pensais qu'en disant que tu l'assumais tu allais dire : "Je vais juste être une personne vraiment bizarre en société."

BK : Du genre : "Pourquoi ce mec regarde-t-il le mur là-bas ? Pourquoi a-t-il un visage impassible ?

RP : "Il se gratte la tête depuis deux heures" [rires]. Je trouve que cela joue probablement en ta faveur également. Si tu vas à une fête et reste assis là, à regarder le mur, les gens diraient : "Barry est si intense. C'est incroyable."

BK : "Quel artiste. Il l'apporte à chaque performance." Revenons-en à mon plan. Quel est mon projet ?

RP : [Rires] Parce que j'ai regardé cette interview que tu as faite. Je ne sais pas si c'était il y a longtemps, mais c'était en Irlande. Ils disaient que tu avais un plan que tu semblais avoir réalisé en trois mois. Ton plan depuis l'enfance. As-tu toujours un projet ?

BK : Ouais, mec. L'objectif est de devenir le premier rôle. J'ai eu la chance récemment de mener un film et de relever un défi. Tu es parfait pour cela, Rob. Je t'admire pour cela. Tu peux le faire. Je voulais voir si je pouvais le faire ? Parce que j'ai commencé à faire des films en étant un second rôle et j'adore cela. Qu'importe ce que le rôle exige. Mais je voulais voir : est-ce que je peux mener un film ? Puis-je garder un public intéressé ? Donc, c'était mon plan. Maintenant je me dis, est-ce que je peux continuer à faire cela ? Mais c'est surtout de travailler avec de bons cinéastes, mec, et sur de bons projets. J'ai une liste de réalisateurs dont j'ai tendance à parler lors des interviews et en disant leurs noms, j'essaie d'utiliser la loi de l'attraction [pour que cela se produise]. Mais je n'ai pas coché beaucoup de réalisateurs sur cette liste. Tu sais, comme Christopher Nolan, Yorgos Lanthimos et Chloé Zhao. Donc, je dois fais une nouvelle foutue liste, mec. Je le dois vraiment. 

RP : Oh oui, bien sûr, The Lobster.

BK : C'était un peu comme avec Wes Anderson. Comme Yorgos, ces gens créent ces mondes et univers dans lesquels tu te dis : "j'adorerais y être durant une journée." Même si tout était basé à l'hôtel, tu crois que cet univers existe. Je voulais juste faire partie de cela et jouer un personnage dans ce monde. Et c'est que j'ai étudié, j'ai étudié The Lobster pour 'The Killing of a Sacred Deer'. J'ai étudié comment parler et Yorgos n'a jamais dit que je devais parler sur un ton monotone ou que je devais parler à un certain rythme, mais c'était basé sur son précédent film. C'est ce qui m'a parlé pour Yorgos. Et Chris Nolan, tu as travaillé avec Chris également. Comment était-ce pour toi ? Qu'est ce qui t'as attiré ? Juste Chris Nolan [Rires]. 

RP : J'ai adoré. J'ai adoré tout le processus avec lui, j'aime le secret autour des projets. J'ai adoré devoir me rendre chez lui pour le lire .

BK : As-tu été amené dans une pièce [de sa maison] pour lire le scénario ?

RP : C'est incroyable et presque personne n'a vu l'intégralité du scénario. C'était comme si, mon dieu, j'étais impliqué dans quelque chose d'important. 

BK : Il a ce petit écran qui ressemble à une Nintendo dont il se sert comme moniteur et c'est un peu comme si, wow, tu juges tout sur ça. Tu vois ce que je veux dire ?

RP : Je me souviens quand il tournait des hélicoptères qui faisaient exploser des trucs, on ne le voyait même pas [il fait semblant de regarder un petit écran]. 

BK : La réverbération est mauvaise également. Mais non, cela prouve qu'il sait ce qu'il veut. Mais oui, je veux dire, c'est en partie ce qui m'a attiré, pour Yorgos et Chris Nolan également. Tu sais, ils créent ces univers, mec, dont tu as envie de faire partie. 

RP : En jouant un premier rôle plutôt qu'un rôle secondaire, te sens-tu différent en le faisant ?

BK : Ouais. Pour moi, c'était la première fois. Je ne peux pas parler du projet [à cause de la grève du SAG-AFTRA], mais c'est l'endurance. J'ai eu un bébé, tu sais, durant ce projet. Je n'ai pas eu le bébé directement, évidemment [Rires], mais je voulais m'occuper de mon petit garçon. Donc, il fallait de l'endurance pour le tournage et cela m'a en quelque sorte permis d'apprécier toutes les autres personnes qui travaillent sur le projet, parce que tu viens et tu fais ta partie quand tu es un second rôle. Mais le réalisateur est là 24h/24 et 7j/7. Le premier rôle que tu soutiens est là 24h/24 et 7j/7. [Donc de jouer le rôle principal] m'a donné une vision plus large. [Pour ce film], j'ai divisé mon personnage en cinq morceaux; genre personnage 1, 2, 3, 4 et 5. Le n°1 serait le début du film. Le n°2, serait à mi-chemin entre le début et le milieu. Le 3ème, serait le milieu. Donc je me donnais une direction. Je jouais presque cinq personnages différents. 

RP : C'est intéressant. 

BK : Oui, je voulais que tous ces personnages, ce même personnage, soit différent pour qu'il y ait constamment cet arc-en-ciel. 

RP : Cela t'es venu comme cela ? As-tu fréquenté une école de théâtre ou autre ?

BK: Pas de cours. Rien. Je n'ai rien fait de tout ça. Je n'y suis pas opposé. Encore une fois, ils sont excellents, mais je ne veux pas être entraîné ou apprivoisé - apprivoisé est un mot fort - mais je veux être authentique et le rester. J'ai l'impression qu'à chaque rôle tu perds cela, tu deviens un peu plus entraîné et structuré. Je veux garder ce côté libre et et fluide que l'on ne peut pas entraîner - ce genre de chose peu orthodoxe. Les non-acteurs ont ça, non ? Ils ont ça en eux pour les premiers projets et ensuite ils se rendent compte qu'ils sont acteurs et ils commencent à jouer et à apprendre leurs répliques - même si tu dois toujours apprendre tes répliques. 

RP : Tu commences à apprendre tes répliques et - c'est là que ça se dégrade [rires]. Es-tu nerveux ?

BK : Oui, mec. Oui, mais encore une fois, je vais paraître ringard, mais quand tu joues un personnage, tu ne peux pas être nerveux, parce que techniquement tu joues quelqu'un d'autre. Mais je me souviens qu'en faisant notre scène j'étais nerveux, mec. De le faire avec toi a rendu les choses beaucoup plus faciles, cela dépend avec qui tu travailles. Cela se produit quand tu vas au cœur de ce que tu essayes de faire. Es-tu nerveux ?

RP : Ouais, mais c'est bizarre. Je deviens presque plus nerveux quand je ne me sens pas nerveux. C'est pourquoi, chaque fois que je commence un nouveau travail...Je veux dire, cela n'aide pas vraiment que je ne fasse pratiquement rien en ce moment, parce que j'aimerai en faire plus. 

BK : [agite son doigt] J'espère que tu ne travailles pas en ce moment. 

RP : [Rires] J'ai l'impression d'être revenu au début. Je sais que la prochaine fois que je ferai quelque chose, je me dirai que je ne me souviens plus comment faire. C'est plutôt agréable de se lancer comme un amateur à chaque fois et de se dire : "C'est une énorme montagne à gravir". C'est comme si j'étais à nouveau un imposteur. 

BK : Comme si la structure avait disparu, n'est ce pas ? Cette familiarité ? Je pense qu'être familier avec ce genre de choses est dangereux, parce qu'on perd en spontanéité. Tu pers une grande partie de cet instinct que nous aimons et que les réalisateurs aiment. 

RP : Ce qu'il y a de bien dans notre travail, c'est qu'en général, si quelque chose a fonctionné dans un film précédent, tu te dis : "Oh, tout le monde a dit que c'était bien" et instinctivement tu te dis : "Eh bien, tout le monde a aimé - je veux le refaire." Et la fois d'après, tout le monde dit : "c'est quoi ce bordel ?"

BK : Je vois exactement ce que tu veux dire. 

RP : Tu es obligé de te réinventer. J'ai aussi remarqué en regardant ton travail hier soir, que tu étais vraiment doué pour les accents. Travailles-tu avec un coach ?

BK : Merci, mec. Oui. Cela t'est-il déjà arrivé quand tu sors, que les gens te disent : "Oh, tu es un acteur, prends un accent américain." Et tu te dis : "Va te faire foutre ?" Je ne peux pas avoir un accent américain ou anglais comme ça. Cela me prend beaucoup de temps, parce que cela me rend nerveux de faire un accent. Mais je travaille beaucoup avec un coach et j'ai tendance à utiliser une cuillère en plastique tout le temps, car elle me fait travailler les muscles de la mâchoire. Etant originaire de Dublin, j'ai parfois tendance à ne pas finir mes phrases et à ne pas articuler. Je ne parle pas au nom de tous les Dublinois, mais tu vois ce que je veux dire ? Quand je prends un accent, je veux pouvoir tout prononcer, puis pouvoir le supprimer. 

RP : Donc tu t'entraînes avec une cuillère dans la bouche ? 

BK : Une cuillère en plastique, ouais. 

RP : C'est génial. C'est une très bonne idée. Je ne l'avais jamais entendu auparavant. 

BK : Je trouve qu'avec quelque chose dans la bouche, tu travailles plus dur, car tu te détends ici [montre ses joues] et tu commences à marmonner. Donc, avec un accent, je trouve que tu dois vraiment de donner à fond. 

RP : J'ai besoin de faire ça, en réalité. La plupart du temps, surtout si je sors le soir, c'est comme si je parlais une langue différente. C'est de pire en pire chaque année. Je n'ai pas envie de bouger ma langue [rires]. Quand tu étais enfant, pensais-tu devenir acteur ? Voulais-tu être acteur quand tu étais enfant ? Ou à quel âge as-tu voulu le devenir ?

BK : non, mec. Je voulais être boxeur. Je voulais être footballeur - je voulais être ce genre de choses. Ensuite, j'ai commencé à faire du théâtre à l'école. Il y avait cette production d'Oliver Twist et je me souviens l'avoir vue - c'était dans une salle remplie d'environ 600 personnes et ça m'a attiré, je voulais en faire partie. Donc, je me suis impliqué dans les pièces de théâtre de l'école. Nous avons joué des pièces à Noël, il y avait du monde et ils ont rit et je me suis dit : c'est dingue, c'est une sensation géniale - tu ne vois personne et tu es quelqu'un d'autre. Et puis tu es dispensé de cours également. Ensuite, ils me l'ont retiré car je me comportais mal. Je ne savais pas quoi faire. Je pensais que ma carrière d'acteur était terminée. Et puis, j'ai vu une affiche dans une vitrine près du club de boxe et je me suis lancé. J'ai juste été attiré par le fait de faire semblant d'être quelqu'un d'autre, c'est ce qui était génial. Et puis, évidemment, les avantages étaient incroyables et amusants. Mais as-tu cherché à devenir acteur ?

RP : Non, pas du tout. C'est un peu comme toi. Je ne l'ai même pas fait à l'école. Comment t'es tu mal comporté ? Comment as-tu été expulsé du cours de théâtre ?

BK : J'adorais me comporter mal. J'étais le clown de la classe. Je faisais des accents, j'imitais les gens, les professeurs. Ils disaient : "ne fait pas ça, Barry ! " et je répondais : "Ne fait pas ça, Barry !" Tout le monde riait. Je n'étais pas un mauvais garçon. Je n'étais tout simplement pas concentré. Je fabriquais des frondes avec mes crayons et je pensais être Bart Simpson. Dingue, mec. 

RP : Quand tu parles d'être impressionné par les gens, l'une de mes expériences préférées avec toi a été lorsque nous étions à cette fête et que tu pensais que ce type était l'acteur Josh Brolin. C'était un des meilleurs trucs que j'ai vu. Tu disais : "Oh, allez, mec. Je suis acteur également. Ne sois pas comme ça !" Il disais : "Je ne suis pas Josh Brolin."

BK : [Rires] Je disais "Tu es Josh Brolin". C'était dingue, mais j'étais convaincu que ce mec était Josh Brolin. Il a fini par dire : "Voici un verre pour tout le monde."

RP : C'était le traiteur ou quelque chose comme ça. 

BK : Je disais : "Rob, viens rencontré Josh Brolin."

RP : [rires]Je me me disais : "Je ne pense pas que ce soit lui." Mais c'est étrange de réfléchir à la façon dont tu as réalisé ton rêve d'enfant ?

BK : Ouais, mec, ça l'est. Je ne dirais pas que c'est étrange. Encore une fois, pour en revenir à nous deux, évidemment, nous ne pouvons pas le mentionner, mais jouer avec toi a été un moment surréaliste pour moi. C'était iconique. Je me disais : "Wow", c'était un rêve d'enfant en soi. 

RP : C'est drôle quand tu as soudainement un petit flash alors que tu es réellement entrain de le faire. C'est comme… Je me souviens que c'était tellement… on ne réfléchit pas à l'idée dans son ensemble. 

BK : Il y a tellement de choses à penser. C'était plus quand nous étions laissés seuls. Je te regardais et tu était comme [se lève et imite Rob dans son costume de Batman]. 

RP : Je me souviens que je devais retiré mon masque COVID, mais il était attaché autour des oreilles. 

BK : Je disais quelque chose que tu n'entendais pas, et tu disais [imite Rob se retournant] "Hein ?". C'était des moment comme ça ou quand les gens sortaient du plateau, tu jetais juste un coup d'œil. C'est toujours quand il n'y a personne en vue. J'ai eu quelques moments comme ça. 

RP : C'est drôle. L'autre jour, je me disais que parfois, quand tu vis à Los Angeles, je me demandais : Comment est-ce arrivé ?

BK : Je sais. Tu vois le panneau Hollywood. C'est le problème avec L.A, je veux construire cette relation, renouer avec la romance que j'entretiens avec Los Angeles, car je l'ai en quelque sorte perdue. Mais je veux y retourner et renouer avec la ville de cette façon - pour me rappeler des Paul Newman et autres. 

RP : C'est drôle. Ca me rend triste de voir les jeunes qui arrivent à Los Angeles désormais, ils en connaissent si bien tous les aspects grâce aux réseaux sociaux. Quand j'y suis allé pour la première fois en 2004, c'était tellement fou de venir d'Angleterre, je n'arrivais pas à croire que ça existe. 

BK : Maintenant, tu arrives à Sweet Greens et tu commandes depuis l'application. 

RP : Ouais, exactement. 

BK : Ce côté romantique a disparu pour moi .

RP : Je l'ai toujours un peu. Mais c'est marrant, je me souviens qu'il y avait - et j'adorais ça - ce truc transgénérationnel dans la façon dont les gens socialisaient à L.A et qui était très différent des autres villes. Ca a un peu changé. Tous les vieux acteurs traînaient avec les jeunes. Il y avait tellement d'interactions. Les gens allaient aux mêmes fêtes. C'est encore un peu comme ça parfois. C'est un peu… différent. Je me souviens de la première fois où tu es allé au Château Marmont et c'était..

BK : C'est tellement vieille école. Keanu Reeves est juste assis au fond en train de prendre son petit-déjeuner. Les toits rouillés et tout ça. C'est ce genre de petites choses. Mais maintenant, tout cela est très réfléchi et délibérément mis là. 

RP : [Rires] C'est de la fausse rouille. 

BK : Ouais, de la fausse rouille. Tu l'effaces. Tu te demandes, c'est quoi cette merde ?

RP : Y a-t-il des réalisateurs avec lesquels tu aimerais travailler ? Qui est sur la liste ?

BK : J'ai pu travailler avec des réalisateurs incroyables. Je sais que tu as travaillé avec les Safdies. J'adorerais travailler avec les frères Safdie et Barry Jenkins. Il y en a pas mal. Lynne Ramsey, je l'adore. Mais j'adorerais travailler avec les Safdie, mec. J'ai adoré Good Time. C'était irréel, mec. C'était électrisant. Chris Nolan, cela ne me dérange pas de travailler à nouveau avec des réalisateurs, parce que la première fois… Je sais que j'ai apprécié, mais cette fois-ci j'apprécierais encore plus. 

RP : Quel âge avais-tu lorsque tu a fais Dunkerque [avec Christopher Nolan] ?

BK : Je crois que j'avais 16 ou 17 ans. J'étais jeune, mec. Je me souviens…

RP : [Rires] Non, ce n'est pas vrai. Quel âge as-tu maintenant ? De quoi parles-tu ?

BK : [rires] Je joue avec le magazine. J'avais 28 ans. Non, 21 ans. 

RP : Nous sommes passés de 16 à 21 ans en un éclair. J'ai été assez surpris. Tu as 31 ans, c'est ça ? J'ai toujours cru que tu avais 25 ans. 

BK : Ouais. Disons simplement que j'ai 25 ans. 

RP : Je vois tellement d'autres personnes. Je me dis que beaucoup de gens doivent mentir sur leur âge, parce que j'ai l'impression de vieillir plus vite que les autres. 

BK : Non, tu vieillis bien, mec. 

RP : Non, mais mon vrai âge. Je suis vieux. 

BK : Tu n'es pas vieux. Tu as quoi ? 41, 42 ans ?

RP : Non, j'ai 37 ans. 

BK : Tu as 37 ans. Attends, c'est vieux [rires]. 

RP : J'ai toujours la mentalité d'un jeune de 20 ans. J'ai juste fais exprès d'arrêter de grandir mentalement. Quelle opinion sur tes performances t'importe, si c'est le cas ?

BK : Tu sais, j'en discutais avec quelqu'un, je ne veux jamais faire quelque chose où j'ai l'impression que je dois expliquer ce que j'ai fait. Je veux le faire au point que, que cela te plaise ou non, je ne veux pas aller dans des émissions et te dire ce que tu dois ressentir, où comment ressentir le rôle, où te dire ce qui est bien. Je veux juste que quelqu'un ressente les choses. Je veux que quelqu'un en fasse l'expérience, s'identifie, pose des questions, quitte le cinéma et ne sache pas ce qu'il vient de voir et doive probablement le revoir. Mais les opinions des gens, ce ne sont que des opinions. J'adore quand quelqu'un peut vraiment décortiquer le film et me parler d'une expérience similaire qu'il a vécue - c'est ce genre d'opinions qui comptent pour moi. Ou certains peuvent dire : "Tu sais, je ne me sens vraiment pas bien après ce film." Bizarrement, c'est ce genre de choses que j'aime. 

RP : T'es tu déjà senti mal après un travail ?

BK : Non, juste fatigué. J'ai toujours l'impression que je peux donner plus. Je parie que toi aussi. Mais là encore, j'essaie de retenir les choses un peu, parce que je veux en garder pour d'autres trucs. J'ai l'impression qu'à chaque rôle, on s'épuise un peu. Tu perds une petite partie de toi et on se vend un peu. C'est une question que je pose tout le temps, je me dis : "Pourquoi ?" Evidemment, nous le faisons pour le film, mais je me demande : "Est-ce que je suis un vendu, vraiment ?" Tu vois ce que je veux dire ? Je deviens tellement vulnérable et émotionnellement ouvert devant le gens, tu sais, pour quoi ? Merde, c'est devenu profond. 

RP : [rires] As-tu toujours l'impression que lorsque le film est fini, tu es connecté au film ? Avant, j'avais vraiment des difficultés à me regarder. Maintenant, une fois que c'est terminé, je me sens assez déconnecté. Je veux dire, pas dans le mauvais sens, mais c'est un peu comme si

BK : Ouais, je suis épuisé. J'essaie de donner ce que j'ai à donner du premier au dernier jour. J'essaie toujours de garder ça à l'esprit et c'est pour ça qu'en jouer le rôle principal pour la première fois, je me disais que j'allais donner exactement la même énergie que celle que j'ai donné le premier jour pour le dernier jour. Tout donner, parce que parfois, tu sais que la fin approche et tu es plus ou moins dedans. Mais cette scène pourrait se situer au milieu du film. Donc, tu te dis :"Tu dois..."[rires]. Mais non, quand j'ai terminé, j'ai terminé. Je déteste les ADR (enregistrement en studio post-production). Je déteste ça. 

RP : Tu déteste l'ADR ? J'adore ça. 

BK : Je déteste ça. 

RP : Je ne comprenais pas vraiment ce que c'était. Mais tu peux changer tellement de choses. 

BK : Tu peux changer tout un film avec une seule réplique. 

RP : Ouais et c'est intéressant parce que c'est comme un petit puzzle. Si tu changes une réplique et si tu regardes la forme de ta bouche, tu te dis : "Comment puis-je prononcer cela différemment pour changer toute l'intrigue du film ?"

BK : Tu cherches à changer l'intrigue avec une seule réplique. J'adore ça, Rob. 

RP : Et puis, tu essaies de le faire sous le nez du réalisateur. Qu'allais-je dire

BK : "Quel est ton plan ?" [rires]

RP : [rires] Quand je regardais tes travaux hier, je ne sais pas si je les projette complètement sur toi, mais quand tu travailles, on à l'impression que tu aimes cela. Je sais que certains acteurs peuvent vraiment apprécier cela, mais ça n'a pas l'air agréable quand ils sont à l'écran. Mais pour une raison quelconque, on dirait que tu prends du plaisir. Et je trouve que c'est très… je trouve que c'est l'un des côté les plus captivant chez toi. 

BK : Ouais, je vois ce que tu veux dire. Je vais avoir l'air d'un idiot absolu en disant cela, mais je pense qu'il s'agit d'être présent. Quand tu es présent, tu apprécie beaucoup plus les choses. Ce sentiment, cette imprévisibilité, le fait de ne pas savoir ce qui va suivre - même si nous le savons secrètement. Je crois que c'est ce que tu vois. Ca à l'air vraiment idiot. Ce que tu vois, c'est ma présence, Rob. Ce n'est pas moi en train de prendre du plaisir à jouer le rôle. 

RP : Est-ce que tu penses que c'est le cas ? Une fois que tu commences une prise, as-tu l'impression de savoir réellement ce qui va en sortir ?

BK : Non, mec. J'adore ça. J'adore la partie contrôle. Je vais attendre d'être prêt à dire ma réplique, ou je vais attendre que le moment soit le bon. Nous ne savons pas ce qui peut se passer entre le début et la fin de la prise. Disons que tout est structuré avant le début et après le montage, nous flottons. C'est ce que ressens, si cela a du sens. J'adore ça, c'est planant. 

RP : C'est étrange, je suppose que c'est le seul moyen d'avoir une certaine capacité technique, mais ensuite il faut être capable d'être souple. Je veux dire, pour certaines personnes c'est instinctif, mais plus tu fais de rôles, plus tu te dis que c'est la chose la plus utile à apprendre. Quand un réalisateur me demande : peux-tu faire ce truc spécifique, la seule chose que je sais faire c'est de relancer les dés. Faites juste une autre prise. 

BK : Je déteste quand ils font ça. "Peux-tu te chatouiller encore le cou ?" Je n'avais même pas l'intention de faire ça. Tu me mets mal à l'aise et je ne vais pas le faire. 

RP : "Je ne vais pas le faire, mais je vais le faire avec un accent différent."

BK : [Rires] "Je vais faire le truc avec le cou avec un accent différent, ok ?" Nous devons atteindre certains rythmes et si quelque chose est bien, gardez-le. J'adore faire quelque chose de différent à chaque foutue fois. Je n'arrête pas de jurer. Désolé. 

 RP : comment veux tu que l'on se souvienne de toi ? 

BK : Je ne veux pas que l'on se souvienne de moi pour moi, mais pour mes personnages. Je détesterais qu'on se souvienne de "Barry l'acteur". Je veux que quelqu'un pense au nom de mon personnage avant moi, si cela a du sens. 

RP : Ouais, faire un travail sans savoir ce qui va suivre, comme si tout allait s'arrêter, c'est bien que cela te garde sous tension, mais j'ai l'impression que plus je reste dans cette industrie, plus je me dis :"Maintenant je dois vraiment pousser les choses. Je suis au bord de la falaise."

BK : Je ne pense pas que ce soit le cas pour toi. Je veux dire, tu es très sélectif dans tes choix. C'est ce que tu veux dire par 'pousser les choses' ?

RP : Ouais, on ne sait jamais. Je l'ai vu arriver à tant de gens. D'un coup, tu n'as plus les faveurs des gens. Je ne pense même pas au fait qu'on se souvienne de moi. Je pense au fait qu'on se souvienne de moi dans six mois [rires] - et encore moins après ma foutue mort. Je veux juste que les directeurs de casting se souviennent de moi. Rappelez-vous qui je suis !

BK : "Hé, Hé, c'est moi !" Je suis plutôt d'accord avec toi là-dessus. Je détesterais travailler juste pour travailler. Je dois le faire pour une certaine raison. Je ne veux pas simplement combler un vide. Je me donne et nous nous donnons entièrement. Je pense que nous perdons une part de nous et nous montrons tellement de nous-même que je veux conserver ça. Je veux également relever de nouveaux défis et jouer ces personnages différents, que je ne pensais pas pouvoir jouer. Avec ça, je pense qu'il faut être sélectif et ne pas trop en faire. Pour moi, il ne faut pas se précipiter. Je ne veux pas me précipiter. Même s'ils ne se souviennent pas de moi, tu te souviendras de moi. 

RP : Y a-t-il quelque chose que tu souhaiterais partager et que tu n'a pas pu dire dans des précédentes interviews ? Ou y a-t-il une question que tu as toujours souhaité qu'on te pose ?

BK : Quel est mon plan ? [Rires] Le plan est de rester mystique. Pas de façon consciente, mais d'effleurer ce que nous avons dit, de me montrer, différentes versions de moi à travers différents personnages. Mais ouais, Rob, c'était sympa. A la semaine prochaine. 

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