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The Lighthouse a été un film puant à faire - du moins c'est comme cela que le décrit la star Willem Dafoe quand je l'ai rencontré au siège d'A24 à New York plus tôt ce mois-ci. "Il pleut à l'intérieur, il y a de l'eau partout, ça pue, il fait froid," dit-il sur le tournage. Quand je lui demande de développer sur les bouquets d'arômes sur le tournage, il dit : "Je ne puais pas, mais tout le reste puait." (C'est révélateur puisque c'est le personnage de Dafoe qui passe beaucoup de temps à péter dans le film. "Certains ont été fait en post-production" dit-il. "Et j'ai bien dis certains.")
Quelques semaines plus tard, je suis au téléphone avec Robert Pattinson, le partenaire de Dafoe dans le film d'horreur fantastique de Robert Eggers, qui parle d'un duo de gardien de phare qui deviennent fous sur la côte de la Nouvelle-Angleterre au 19ème siècle. Je mentionne le commentaire sur la "puanteur" à Pattinson, qui répond : "Je pense qu'il fait peut-être référence à moi." Ou peut-être que cela venait des appâts utilisés pour attirer les mouettes en cercle là où ils filmaient. "Il y avait du poisson pourri sur tout le secteur, afin que les mouettes ne cessent de revenir," ajoute-t-il. "Pour être honnête, je ne l'ai vraiment remarqué que pendant deux jours environ."
Le successeur d'Eggers à son spectacle puritain effrayant 'The Witch' est encore un autre cauchemar historique méticuleusement conçu. Tourné en 35 mm et en noir et blanc, The Lighthouse vous plonge dans la folie de deux marins, Ephraim Winslow joué par Pattinson et Thomas Wake joué par Dafoe, sont pris au piège d'un phare sur une île côtière rocheuse pendant 4 semaines. (Ou est-ce plus ? Qui peut le dire ?) Thomas est le vétéran grisonnant de ce type de travail, veillant très attentivement au phare; Ephraim est un novice tranquille à la merci de son aîné. Mais quand une tempête approche et qu'une mouette est tuée, la tension monte, alimentée par l'alcool et une énergie sexuelle refoulée. C'est un film qui piège les spectateurs dans sa viscosité. Les liquides abondent : la pluie venant du ciel et la mer, l'alcool, le kérosène, la pisse, le sperme, comme le dit Dafoe dans l'un de ses nombreux monologues. "Vous n'avez jamais pensé nécessairement à jouer en état d'ébriété," dit Dafoe. "Car la situation était enivrée, vraiment."
Eggers a choisi de tourner les extérieurs dans le lieu "punitif" de Cape Forchu en Nouvelle-Écosse, où vous vous enfonciez dans la boue et où les acteurs étaient vaporisés d'une pluie froide. "Nous avons apprécié souffrir, car c'est ce que le scénario requiert," déclare Eggers. "Vous ne vous disiez pas, 'C'est tellement fou,' car c'est ce qui est sur la page, qu'est-ce qu'on était censé faire d'autre ?"
En plus de devoir faire face à des conditions inhospitalières, Dafoe et Pattinson devaient maîtriser le langage d'Eggers, co-écrit avec son frère Max. Alors qu'Herman Melville est une influence évidente -- une personne qui est saluée au générique -- les frères Eggers ont tirés des extraits des écrits de Sarah Orne Jewett, qui a écrit des histoires utilisant les dialectes du Maine au 19ème siècle, la période durant laquelle se déroule The Lighthouse.
"[Le Langage] est musical," dit Dafoe. "Il a un rythme fort." Cela prend une minute pour adapter vos oreilles au paysage sonore de The Lighthouse, et le scénario mélange la poésie des grognements et des flatulences avec des monologues lyriques et des phrases d'accroche répétitives comme, "Pourquoi tu as craché le morceau ?"
"Il y a quelque chose à propos de ces voyelles, de l'accent et de la façon dont c'est écrit qui fait que vous devez vraiment vous contorsionner pour le dire," dit Pattinson. "Vous contorsionnez votre corps et votre visage est déformé, ensuite vous réalisez, oh merde, c'est pour cette raison qu'il est -- dans cet état psychologique." Mais Pattinson dit qu'il ne pouvait pas comprendre ses reproches d'ivrogne parfois en regardant la version finale. "Il y a des scènes où je connais les dialogues et je ne comprends pas du tout ce que je dis," ajoute-t-il. "J'ai vraiment aimé que Robert m'ait permis de faire cela. J'ai adoré le regarder avec des sous-titres à Cannes."
Dans le cas de Dafoe, il travaillait également avec des fausses dents. "Physiquement, nous voulions des dents marrantes," dit Dafoe. "J'ai des dents funky. Ce n'est pas comme si j'avais eu des bagues quand j'étais enfant. Mais nous voulions qu'il manque des dents, ce qui est approprié pour l'époque et pour quelqu'un qui vivait ce genre de vie." Pattinson se souvient de l'attention qu'Eggers portait aux détails, jusqu'aux sous-vêtements. Car aussi dégoûtant que paraissaient leurs vêtements à l'écran, la première impression de Pattinson était qu'ils semblaient à la mode. "Les vêtements imperméables, les cirés, je les portais et je me disais, 'Wow, cela ressemble vraiment à Yohji Yamamoto dans les années 90'" dit-il, glissant le nom du designer japonais. "C'était vraiment cool. Le chapeau de pluie ? Je me disais, 'Ça à l'air dingue.'" Il a supposé qu'il serait prêt à défiler dans la version finale. "Puis vous regardez le film - non, j'avais vraiment tord à ce sujet," dit-il. "Je ressemble à une merde."
Le scénario laisse beaucoup de place à l'interprétation en ce qui concerne la relation entre Ephraim et Thomas, qui est généralement hostile, mais devient de plus en plus intime à mesure que les jours passent et que l'alcool commence à couler. (Le nouvel adage d'Eggers est : "Rien de bon n'arrive lorsque deux hommes sont piégés dans un phallus géant.") Peut-être que comme le suggère Dafoe, c'est une preuve de "masculinité toxique" poussée à son point de rupture. Ou peut-être que c'est une histoire d'amour.
"C'est une sorte de '9 semaines et demi' extrême," explique Pattinson, citant le drame érotique d'Adrian Lyne datant de 1986 avec Kim Basinger et Mickey Rourke. "Il y a une sorte de domination qui se passe. Ce n'est pas si loin de la surface. Nous essayions vraiment de la pousser également. Le moment où nous nous battons - il y a vraiment une prise où nous essayions littéralement de baisser le pantalon de l'autre. Cela ressemblait presque à des préliminaires." Je note que j'ai parlé à certaines personnes qui ont vu le film et qui voulaient voir un baiser entre Ephraim et Thomas. Pattinson plaisante : " C'est comme 50 Shades of Grey, mais vous lancez des morceaux de poisson pourri au visage."
Si cela semble drôle, eh bien, c'est intentionnel. Pattinson était ravi d'entendre le public rire lors de la première de The Lighthouse au festival du film de Toronto. "Quand je pense que quelque chose est drôle, souvent, je ne suis vraiment pas sûr que les autres vont également la trouver drôle ou même si c'est drôle," dit-il. "Je me suis souvent trouvé dans cette situation où des choses que je trouve marrantes sont horribles pour les autres. Donc d'entendre tout le monde rire et de vraiment suivre l'histoire d'un film aussi ambitieux a été un vrai soulagement."
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