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dimanche 8 décembre 2024

Nouvelle interview : Robert Pattinson fait la couverture du prochain numéro de The New York Times Style Magazine

 Nouvelle interview et nouveau shooting pour l'occasion (et quel shooting 💕💕💕)

Robert d'ordinaire si discret sur sa vie privée, évoque dans cette nouvelle interview sa rencontre avec Suki, sa fille et ce que la paternité a changé pour lui ! Il parle également de la création de sa société de production, Icki Eneo Arlo !



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Update : Ajout de la traduction française :

 Robert Pattinson est-il la dernière vraie star de cinéma ? 

Il aurait voulu être acteur sans pour autant être une célébrité. Mais il a transformé sa célébrité en une forme de performance à part entière. 

C'est Robert qui a eu l'idée de suivre un cours de poterie. Depuis qu'il est devenu père en mars dernier, l'acteur anglais de 38 ans est à la recherche de ce qu'il appelle des passe-temps "sains". Il a envisagé le bonsaï ("ils commencent à pourrir"), le trapèze ("je ne peux pas faire ça en public"), le tennis ("je n'ai pas assez perception spatio-corporelle") et la danse ("ma moelle épinière se bloque"). Vingt ans après le début de sa carrière cinématographique, il semble toujours à la recherche de nouvelles façons de s'exprimer, sans avoir recours à une équipe de plusieurs centaines de personnes, et sans les inconvénients qui viennent avec le fait d'être l'un des hommes les plus célèbres du monde. 


Ces dernières années, il a inventé une recette d'un plat ressemblant à des arancini appelé piccolini cuscino, ou "petit coussin" ("je suis allé loin avec un fabriquant de surgelés"); un canapé de 2.70 mètres de long avec des accoudoirs aussi larges que l'assise ("il pèse une tonne - c'est probablement une des raisons pour lesquelles il est difficile à vendre"); et un pantalon avec des poches verticales ("Pourquoi doivent-elles toujours dépasser comme des petites oreilles bizarres ?"). Il a également conçu une chaise à dossier droit avec une fente au centre du coussin qui "s'ouvre pour vous comme si vous étiez dans une sorte de cocon," dit-il. Pour illustrer l'idée, il a construit une maquette avec un sex-toy et un rouleau de papier toilette vide. 

Par un après-midi gris d'août, j'ai rencontré l'acteur chez un ami à De Beauvoir Town, un quartier verdoyant du nord-est de Londres, où lui et sa fiancée, l'actrice et musicienne anglaise Suki Waterhouse, séjournent avec leur petite fille, pendant leur visite de Los Angeles, et nous nous sommes rendus à un atelier de céramique à environ 1 km de là. Dans une semaine, Waterhouse, 32 ans, fera la première partie de Taylor Swift au stade de Wembley, interprétant des chansons de son deuxième album "Memoir of a Sparklemuffin." D'ici là, Pattinson sera au Canada pour tourner un film avec Jennifer Lawrence, mais il devait d'abord réenregistrer une voix off pour son prochain film, "Mickey 17," une satire dystopique de Bong Joon Ho, le réalisateur sud-coréen oscarisé pour "Parasite" (2019). Pour l'instant, Pattinson est penché sur une table de travail, sculptant une tasse avec une poignée distinctement phallique. "C'est une carotte géante," précise-t-il - un cadeau pour ses hôtes. Ils doivent vraiment aimer les carottes, lui ai-je dis, mais la blague n'a pas pris. "Je pense que ce serait très satisfaisant d'avoir une tasse aussi large," dit-il. Alors que je commence à me demander si je l'ai offensé, il se penche en arrière pour évaluer son travail. "Il y a une petite courbe", dit-il avec un sourire narquois. Fabriquer volontairement un pénis en argile devant un journaliste n'est pas seulement un choix, c'est un défi. "J'aimerais voir comment vous allez utiliser cela," me dit-il. 

Malgré son apparition à 17 ans dans "Harry Potter et la coupe de feu" (2005) et le fait qu'il est devenu la coqueluche des médias quelques années plus tard pour son rôle de vampire amoureux dans les cinq films "Twilight" - au plus fort du succès de la franchise, il louait des voitures leurres et se cachait dans des coffres pour éviter d'être envahi par les fans et les paparazzis - Pattinson est étonnamment peu sur ses gardes. Il ne prend pas son métier, ni lui-même trop au sérieux : en moins de 30 minutes, il me dit qu'il est ignorant, chétif, terrifié, égocentrique, terrible, rempli de colère et vaniteux. La seule coupure de presse dans sa chambre d'enfant à Londres est un exemplaire encadré d'un numéro de People sur l'homme le plus sexy de l'année, une année où il n'y figurait même pas (George Clooney le lui avait offert en guise de blague.) Récemment, il a ressorti ses récompenses et les a rangé sur une étagère; quelques jours plus tard, il les avait remises dans son garde-meuble. 

C'est une époque étrange pour être un acteur hollywoodien. Au début de la carrière de Pattinson, l'essor des réseaux sociaux a détruit l'économie des tabloïds - qui, même si elle était invasive, a permis aux gens de continuer à parler de lui. ("C'était une période folle," raconte son ami Zac Efron, 37 ans, qui a joué dans "High School Musical" en 2006. "J'étais déterminé à m'assurer qu'il allait bien, parce que je savais ce que cela m'avait fait.") En 2020, Le film sur le voyage dans le temps, "Tenet", réalisé par Christopher Nolan, a été utilisé comme un ballon d'essai pour déterminer si le public reviendrait dans les salles de cinéma après que les restrictions liées à la pandémie ont commencé à s'assouplir. (Ils n'y sont pas allés.) Et même si son film de super-héros "The Batman" est sorti en 2022, le deuxième volet de la trilogie de Matt Reeves ne sortira probablement pas avant l'automne 2026, en partie à cause des grèves de l'année dernière. "Je pourrais vraiment prendre ma retraire à la fin de la trilogie," dit Pattinson. 

Pour beaucoup de ses pairs, les caractéristiques d'une carrière cinématographique autrefois considérée comme réussie - la sécurité d'un rôle dans une franchise avec un grand réalisateur; le prestige de certains rôles dans des films indépendants acclamés; la liberté d'essayer n'importe quel genre; le pouvoir de dire non à la télévision - semblent désormais impossibles et dépassées. Aujourd'hui, ce n'est plus suffisant pour les grands noms de se contenter de réaliser une performance convaincante; on attend aussi d'eaux qu'ils apprennent les chorégraphies de TikTok et mangent des ailes de poulet épicées sur Youtube. Et même si certains acteurs viennent d'une tradition artistique - Timothée Chalamet, Adam Driver, Daniel Kaluuya - ils courent le risque, surtout à l'ère des critiques en ligne, où les personnalités publiques ont peur d'être trop authentiques, de passer pour des copies peu convaincantes des hommes complexes qui les ont autrefois inspirés. Si Marlon Brando était vivant aujourd'hui, même lui devrait mémoriser ses répliques; il y aurait trop d'"Internet Boyfriends" (Michael B. Jordan, Charles Melton, Paul Mescal) prêts à le remplacer. 

A sa grande surprise, Pattinson, qui fait rarement d'apparitions publiques et n'est pas sur les réseaux sociaux, est devenu l'une des dernières stars de cinéma. "Je n'aurai jamais cru que je ferai encore ce métier quand j'ai décroché mon premier travail", dit-il. "Je n'arrive pas à croire que ça continue." En parvenant à éviter les clichés de la célébrité, il a également conservé un certain mystère; il n'a jamais sombré dans une addiction et n'a pas eu à passer sa vie d'adulte à prouver sa crédibilité. (Même si à cet égard, il occupe une place inhabituelle : contrairement aux acteurs qui utilisent "la méthode" comme Christian Bale ou Jeremy Strong, qui semblent souvent assez graves, il n'est pas déprimant.) Peut-être parce qu'il a commencé si jeune ou parce qu'il est beau et bizarre, il a le beurre et l'argent du beurre : comme les idoles qui ont émergé pendant le boom du cinéma indépendant des années 1990 - Johnny Depp, Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Keanu Reeves - c'est un acteur de genre qui est devenu un premier rôle. Dans The Times, la critique Manohla Dargis a décrit Pattinson en 2019 comme ayant l'une des physionomies les plus "envoûtantes et agréablement déconcertantes - du cinéma." Au lieu de s'en tenir à un archétype - pendant un temps, il risquait de jouer le petit ami maussade à perpétuité - il approche chaque rôle, qu'il s'agisse d'un prédicateur vicieux dans "The Devil All The Time" (2020) ou d'un oiseau parlant dans "The Boy and the Heron" (2023) avec conviction. "Si vous arrivez avec une idée forte," dit-il, "les gens n'ont pas d'autre choix que de la suivre."

Une partie de son charme vient de son origine britannique ; comme Charlie Cox, Jamie Dornan, Andrew Garfield et Eddie Redmayne, avec qui Pattinson s'est lié d'amitié au début de sa carrière, il a un côté viril qui le rend plus attachant que ses homologues américains. (Il ne semble pas hypocrite quand, par exemple, il se plaint d'avoir une mauvaise posture ou d'avoir l'impression d'être "caché derrière un rideau" comme la plupart des hommes.) Lors de ses premiers films, il se sentait anxieux et pas à sa place. "Je n'arrivais pas à définir correctement la scène," dit-il. "Je n'avais pas réalisé qu'il fallait tracer une ligne entre le monde du film et la réalité." Depuis, il commence chaque film en se promenant sur le plateau et en touchant les murs. "Je sais quels sont les paramètres et cela rassure."

On a l'impression que Pattinson veut être acteur sans avoir à être une célébrité - mais que l'expérience de la célébrité est en elle-même une sorte de performance, quelque chose qu'il a appris à faire à sa manière. Il n'y a pas longtemps, il a revu une interview télévisée qu'il avait faite en 2011, durant laquelle il a raconté une histoire inventée où il aurait vu un clown mourir dans l'explosion d'une petite voiture quand il était enfant. "Il n'y avait aucune hésitation [dans ma voix]," dit-il avec un mélange de fierté et d'inquiétude. "Je me suis dit : 'Mais qu'est ce que tu fais ? Es-tu possédé ?'" En vérité, il s'ennuyait tout simplement. (D'autres mensonges et arrangements qu'il a raconté aux journalistes au fil des ans : qu'il était mannequin pour mains de femmes ; qu'il y a une scène supprimée de "Twilight" impliquant la scatophilie ; qu'il s'est débarrassé d'une harceleuse en l'emmenant dîner et en la fatiguant avec ses problèmes.)

A cette époque, dit-il, "les gens me questionnaient seulement sur le fait d'être célèbre. Ca vous donne envie de fuir." Puis, pour équilibrer sa tasse, il enlève un peu de l'excès d'argile de la protubérante anse et sourit. Même dans ses moments les plus sincères, il ne manque jamais de performer un peu. 

L'année dernière, Pattinson et Waterhouse ont fait un voyage à Saint Vincent et les Grenadines, dans les Caraïbes. Au contrôle des passeports, l'agent d'immigration lui a dit, "Hé, vous êtes le gars de Twilight. Pourquoi avez-vous arrêté de jouer ?" Pattinson ne savait pas trop comment répondre. "J'ai juste dit...,'Je suis Batman?'" dit-il. "Elle a juste ri." Pour être honnête, les fans des premiers films de Pattinson ne faisaient probablement pas la queue pour voir la biographie sur la cartographe Gertrude Bell par Werner Herzog ("Queen of the desert" en 2015) ou la pièce de Brady Corbet basée sur une nouvelle de Jean-Paul Sartre (The Childhood of a leader", la même année). 

En 2012, quelque mois avant la sortie de Twilight : Révélation - Partie 2, le dernier volet de la saga, Pattinson a joué un gestionnaire de fonds spéculatifs milliardaire dans l'adaptation du roman de 2003 de Don DeLillo "Cosmopolis", sa première collaboration avec le réalisateur David Cronenberg, dans laquelle une grande partie de l'action, dont un examen érotique de la prostate, se déroule à l'arrière d'une limousine. "Je me disais : 'Je dois comprendre la logique derrière ce personnage, où il est né, sa classe sociale, ce que faisaient ses parents," explique Pattinson. "Avec Cronenberg, j'ai réalisé que tout peut dépendre de la musicalité des mots et sur ce que vous ressentez en les disant." En 2017, il a joué un petit escroc dans le thriller "Good Time" de Josh et Benny Safdie, une étude sur le désespoir presque sauvage. (Lawrence, 34 ans, dit qu'elle a eu envie de travailler avec lui après avoir vu celui-là : "Je voulais simplement voir les films qu'il faisait.") Et en 2019, environ une heure après le début du film "The King" de David Michôd, basé sur quelques pièces historiques de William Shakespeare à la fin du 16ème siècle, il apparaît dans le rôle d'un dauphin sadique avec un accent français absurde, faisant des gestes obscènes de la main et prononçant certains des dialogues les plus ridicules et diaboliques du film. "La crainte est toujours de se retrouver à faire 'Monty Python et le Saint Graal", avait déclaré Michôd à l'époque. Pour Pattinson, c'était peut-être l'objectif. 

Le cinéaste américain Robert Eggers, 41 ans, qui a dirigé Pattinson et Willem Dafoe dans "The Lighthouse", un film d'horreur de 2019, parlant d'un couple de gardiens de phare au XIXème siècle qui sombrent dans la folie, explique que "Rob aime faire des choix inattendus pour surprendre ses partenaires de jeu, et il ne veut pas le faire sans la caméra. Il y a un processus de répétition pour Rob, mais c'est dans sa loge." Pendant les 35 jours de tournage en Nouvelle-Ecosse, Pattinson, dont le personnage se masturbe en pensant à une sirène et se fait dévorer par une volée de mouettes, ne parlait presque à personne sur le plateau et a passé la majeure partie du tournage seul dans une tente sombre à travailler sur des expressions faciales grotesques. "Le principal est de vous rappeler constamment ce qu'est votre travail," dit-il. "C'est une discipline de ne pas utiliser votre énergie sur autre chose que cela."

En rentrant chez l'ami de Pattinson, des nuages se forment et il retire ses lunettes de soleil. Même si deux de ses derniers films, "Tenet" et "The Batman" ont rapporté au total 1 milliard de dollars et qu'il est mannequin pour Dior Homme depuis 2013, apparaissant sur des panneaux publicitaires et aux arrêts de bus, il passe devant une rangée de pubs bondés sans se faire remarquer. Maintenant qu'il est plus âgé, l'hystérie s'est calmée. "Il y a quelque chose dans le fait d'être de la viande fraîche," dit-il. "Ils se disent : 'Tu n'es même pas humain.'" Bruce Wayne, l'industriel de Gotham City qui venge le meurtre de ses parents en combattant le crime, est l'un des personnages les plus emblématiques du cinéma - Pattinson a toujours le costume qu'il portait enfant - mais dans la nouvelle version, du moins jusqu'à présent, il n'apparaît presque jamais sans masque "C'était ma seule idée pour Bruce," dit Pattinson. "Il a été dépeint jusqu'à présent comme un playboy. Mais qu'en est-il s'il est complètement inapte socialement et un peu agoraphobe ?"

Il y a une scène dans "The Batman" dans laquelle Bruce raconte à Alfred, son majordome et sa figure paternelle, le fardeau que représente le fait d'avoir un alter égo. "Si je ne peux pas changer les choses ici, si je ne peux pas avoir d'effet," dit-il, "je me fiche de ce qui m'arrive." Cette phrase est restée gravée dans la mémoire de Pattinson : lui aussi se demande clairement ce qui se passerait s'il arrêtait d'essayer d'être à la hauteur de la personnalité qu'il s'est créée, ou s'il la démantelait. Il a très vite compris qu'il n'était qu'une projection des fantasmes des autres. "J'étais très conscient," dit-il, "que personne ne pensait vraiment à moi." Quand je lui demande comment il était enfant, il s'arrête de marcher. "Je...ne sais pas," dit-il. A un autre moment de notre conversation, il compare sa version plus jeune à un bol parfait mais oubliable qu'il a sculpté.

Pattinson a grandi à Barnes, une jolie banlieue au sud-ouest de Londres. Sa mère, Clare, était recruteuse de mannequins. Son père, Richard, vendait des voitures vintages. C'était un élève moyen et mauvais en sport, mais il aimait écouter et jouer de la musique "Voler des choses était ma principale préoccupation," dit-il, à savoir des magazines pornographiques et des barres chocolatées. (Là encore, ses histoires peuvent être difficiles à corroborer.) A 15 ans, Pattinson, qui a deux sœurs plus âgées, a rejoint une troupe de théâtre locale. Peu de temps après, il réussit une audition pour jouer le fils de Reese Witherspoon dans "Vanity Fair" de Mira Nair, une adaptation de 2004 du roman de William Makepeace Thackeray sur la société anglaise du milieu du XIXème siècle. Ce n'est qu'après avoir vu le film à l'avant-première qu'il a découvert que ses scènes avaient été coupées au montage final ; l'année suivante, le directeur de casting du film, qui se sentait mal pour lui, l'a suggéré pour le rôle d'un sorcier dans "Harry Potter et la coupe de feu" de Mike Newell. 

A cette époque, lui et son ami d'enfance, Tom Sturridge, lui aussi acteur, louaient un appartement sur Old Compton Street, au cœur de Soho. "C'était l'appartement le plus dégoûtant que j'aie jamais vu," raconte Pattinson avec tendresse ; il est presque sûr qu'ils étaient saouls quand ils ont signé le bail. Chaque mois de janvier, Pattinson, qui n'avait pas suivi de formation, se rendait avec Sturridge à Los Angeles pour la saison des pilotes, mais rien n'en est jamais sorti. Chez lui, il passait la plupart de ses soirées à jouer des chansons sur sa guitare lors de scènes ouvertes dans toute la ville. Pendant la journée, il auditionnait pour des projets comme "Troie" (2004) et "Fast and Furious : Tokyo Drift" (2006). Il est arrivé en retard et avec une lèvre fissurée - à cause d'un baiser, pas d'une bagarre - pour l'audition du rôle-titre du film fantastique "Eragon" (2006). "Il y a cette scène où il trouve un œuf de dragon et c'est censé être un moment héroïque," raconte l'acteur, qui a décidé de l'aborder comme une tragédie. "Je me souviens que mon manager m'a dit qu'ils pensaient que j'étais sous l'emprise de drogues." Même s'il laissait croire qu'il était un trafiquant de drogue au lycée - la rumeur, lancée par lui, disait qu'il cachait sa drogue dans des disquettes - il n'était pas aussi déchaîné que certains de ses camarades. "Il y avait de grosses fêtes à L.A," dit-il. "L'idée de monter dans une voiture pendant 15 minutes pour aller n'importe où, me faisait rester chez moi. Et après, vous devenez complètement fou."

Dans la séquence d'ouverture de "Mickey 17", qui sortira en avril, le personnage de Pattinson, un membre d'équipage d'une mission de colonisation spatiale, est sur le point de mourir de froid, devenant, selon ses propres mots, "une glace à la viande." La scène est faite pour rire ; son dernier souffle ressemble plus à un gémissement. Mais Pattinson a sa propre façon de forcer à considérer l'humanité de personnages qui ont été écartés ou négligés, qu'il incarne un photographe chargé de faire le portrait de James Dean (dans "Life" en 2015), ou l'aide de camp d'un explorateur britannique ("The Lost City of Z" en 2017). Mickey, un compagnon malchanceux qui s'engage par accident pour devenir un "consommable" - quelqu'un qui entreprend des tâches dangereuses pour le bien de l'expédition et se régénère à chaque fois qu'il meurt - n'est même pas sûr de mériter de vivre. Accablé par la culpabilité et la honte d'une vie gâchée, il se martyrise pour se repentir de sa propre médiocrité, mais aussi parce qu'il espère bien faire les choses la prochaine fois. Dans ses derniers moments, un ami lui demande : "Dis, Mickey, qu'est-ce que ça fait de mourir ?" Le soulagement sur le visage de Pattinson lui offre une réponse difficile. 

La première pensée de l'acteur en lisant le scénario de Bong, adapté d'un roman de 2022 d'Edward Ashton, a été : "Oh, je veux faire un truc à la Jim Carrey." Bien qu'il sache que jouer une victime de cruauté constante à la manière de Lloyd Christmas, le chauffeur de limousine aux dents ébréchées de Carrey dans "Dumb et Dumber" (1994), était, comme il le dit, "une corde incroyable raide", le défi l'a enthousiasmé. Bong, 55 ans, qui dessine lui-même tous ses storyboards, dit que Pattinson était impatient de contribuer, proposant d'aider à réviser les dialogues et "nous éclairer avec humour et une connaissance de l'argot que je n'aurai pas eu autrement." (On peut supposer que l'analogie de Mickey de se faire taser - "se donner un coup de fouet électrique" - était une suggestion de l'acteur.) En Bong, Pattinson a trouvé un partenaire créatif. "C'est un type inhabituel," dit Pattinson, remarquant que Bong tournait d'abord la dernière réplique d'une scène et apportait des changement au scénario au fur et à mesure. "Tout le monde sur le plateau se demandait ce qu'il se passait." Plus tard, Pattinson m'a dit, "Les films que vous aimez le plus sont ceux qui semblent impossibles au début. C'est un véritable acte de foi - juste le fait de réussir à le faire est cool."

"Mickey 17" n'est pas une allégorie subtile. Mark Ruffalo joue un commandant avec un penchant pour le colonialisme, qui invoque la peur et la religion pour inciter la violence contre les habitants d'une autre planète. Il y a un complot d'assassinat déjoué ; une jeune femme noire apparaît comme sa rivale politique. Mais le film, tourné en 2022 et retardé en raison de la grève des acteurs pourrait aussi être lu comme une métaphore de la nature inconstante de la célébrité : Mickey ne réalise pas ce pour quoi il s'est engagé jusqu'à ce qu'il soit trop tard - jusqu'à ce que son gagne-pain dépende des caprices des autres. Et alors qu'il résiste à toutes sortes d'abus et d'exploitation, il le fait en ayant conscience qu'un nouveau modèle attend de le remplacer. "Il y a quelque chose chez Rob qui attire naturellement la sympathie," dit Bong. "J'avais l'impression que lui aussi endurerait les difficultés et l'injustice avec un sourire innocent."

Une semaine après notre cours de poterie, Pattinson m'appelle d'une chambre d'hôtel à Calgary. Il est là pour tourner "Die, My Love," l'adaptation de Lynne Ramsay du premier roman de l'écrivaine argentine Ariana Harwicz paru en 2012. Lawrence joue une version de la narratrice anonyme de Harwicz, une jeune mère atteinte d'une psychose post-partum, qui, dans le livre, rêve de se suicider et de tuer sa famille ; Pattinson, son mari dans le film, dit que c'est "hilarant." (D'autres pourraient ne pas partager son sens de l'humour : il considère également "High Life" de Claire Denis, un film de 2018 qui parle d'insémination artificielle chez des prisonniers de l'espace - dans lequel le personnage de Pattinson se fait violé par une scientifique jouée par Juliette Binoche - comme une comédie.) Il semble enthousiaste à l'idée de ce projet, même s'il se sent un peu seul. En route pour un cours de danse matinal, nécessaire pour le rôle, il a regardé une diffusion en direct du set de Waterhouse à Wembley sur son téléphone. 

Parmi les quatre morceaux qu'elle a interprété, au moins un, "To Love", parle de lui. "Existe-t-il un univers où nos chemins ne se sont jamais croisés ?" chante-t-elle. "J'ai attiré ton regard, mais quelqu'un est arrivé et nous avons tous les deux oublié ?" Le couple, qui s'est fiancé l'année dernière, s'est rencontré en 2018 lors d'une soirée à Los Angeles. "Elle était assise en face de moi," raconte Pattinson, qui ne se souvient pas de grand chose d'autre du jeu du Loup-Garou auquel ils jouaient avec Javier Bardem, Penélope Cruz, Al Pacino et d'autres acteurs. "Avec Suki, nous n'arrêtions pas de rire, à tel point que quelqu'un nous a dit que nous ne prenions pas le jeu assez au sérieux. C'était un moment très très doux." Il prononce cette dernière partie avec une intonation affectée, ce qu'il fait quand il se sent vulnérable. 

Depuis qu'il a fondé une famille avec Waterhouse, Pattinson semble être devenu un peu plus sérieux. Bien qu'un jour il ait rêvé de vivre dans le grenier d'une cathédrale ("avec une seule chaise," dit-il), ils ont récemment acheté une maison de style colonial espagnol des années 20 au nord d'Hollywood et ont une maison à New York. Avoir une fille l'a également changé de manière inattendue. Avant sa naissance, il a envisagé d'acheter une arme pour protéger leur maison. "Mais ensuite, elle est arrivée," dit-il, "et c'est juste une petite patate qui fait caca." Etant donné l'instabilité du monde du cinéma, il ajoute que le fait que la paternité soit permanente l'a rendu terre à terre. Eggers a constaté une nette différence chez son collaborateur : lorsqu'ils se sont rencontrés en 2016, Pattinson était "penché sur sa chaise avec sa cigarette électronique et regardait par-dessus son épaule tout le temps," se souvient le réalisateur. "Mais je ne vois plus cela dans sa personnalité désormais."

Au travail, Pattinson semble également s'amuser davantage. Sa société de production, Icki Eneo Arlo - le nom est "juste un mélange de lettres," dit-il - qu'il a fondé il y a deux ans avec son ancienne assistante, Brighton McCloskey, a une vingtaine de longs métrages et de séries en cours de développement, dont un documentaire sur l'équipe américaine de ceci-foot; un film réalisé par Lance Oppenheim intitulé "Primetime", qui est inspiré du programme de NBC "Dateline : To Catch a Predator"; et une comédie sur un couple qui tente de sauver son mariage en étant infidèle. "Si vous n'êtes qu'un acteur, vous ne rencontrez que des réalisateurs qui veulent que vous jouiez un prince anglais," dit-il. "En faisant cela, j'ai rencontré tellement de personnes différentes et j'ai quelque chose à leur apporter. Cela m'a également permis de mieux comprendre ce que je fais en tant qu'artiste."

Un jour, il aimerait réaliser. Pour le moment, produire des films est un plan B suffisant, en particulier pour quelqu'un comme Pattinson, qui, comme il le dit, pense que "tout s'écroule tout le temps." Il concède que c'est en partie son imagination. Mais il y a un autre aspect de l'industrie cinématographique - où la star d'aujourd'hui devient l'actualité d'hier - qui lui est très réel. Avant de raccrocher, il me dit qu'il repense souvent à une phrase de Paul Newman, l'une des plus grandes stars du cinéma américain, à propos de la durée de vie d'un acteur : "Au début de votre carrière, on se demande : "Qui est Paul Newman?" Et puis, "Trouvez mois Paul Newman." Puis, "Trouvez-mois un jeune Paul Newman." Et Puis, "Qui est Paul Newman?"" Pattinson aime l'idée que tout le monde commence son histoire en étant totalement inconnu. Généralement, ça se termine, ajoute-t-il, avec un mélange de résignation et de soulagement. 

Retrouvez l'interview en anglais sur le site du nytimes.com 

Merci à @love__cinema pour certaines des photos !

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