Traduction :
La réalisatrice française Claire Denis n'avait jamais produit un film de science-fiction, ou un projet en anglais, donc sa première incursion dans le genre est aussi prudent que les fans de son travail pouvaient s'y attendre.
Pendant près de deux heures, High Life offre toutes les caractéristiques classiques de la science-fiction et des projets de genre : une narration non linéaire; un premier acte presque muet focalisé sur les interactions intimes entre un criminel adouci (joué par Robert Pattinson) et un petit bébé; une salle de masturbation, connue sous le nom de "f**ckbox", équipée d'un gode en argent géant qu'une Mengele de l'espace sexy (Juliette Binoche) chevauche jusqu'à l'orgasme volcanique; un mini jardin d'Eden; et l'inéluctabilité de la mort, alors que les criminels condamnés se dirigent vers un trou noir sous de faux prétextes.
En quelque sorte, le film de Denis n'est pas aussi lugubre qu'il est (très) sombrement comique, surtout si vous n'êtes pas prêt. C'est également intensément humain, alors que les critiques sont toutes élogieuses depuis ses débuts à Cannes l'année dernière. Historiquement, Denis n'aime pas expliquer ses films, mais son interaction joviale avec Pattinson durant une conversation avec SYFY Wire dans les bureaux New-Yorkais du distributeur du film, A24, montre clairement que le film a été fait avec légèreté sur le tournage, si ce n'est pas dans la caméra.
En résumé, High Life raconte la saga condamnée d'un vaisseau spatial rempli de criminels qui ont été piégés pour mener un vol expérimental censé récupérer l'énergie d'un trou noir. En vérité, ils s'agissait d'expériences de reproduction, puisque le Dr Dibs (Binoche), une autre criminel et un docteur fou sur la fertilité, utilise leurs fluides et leurs ventres pour tenter de faire des enfants dans l'espace. La plupart du temps, elle obtient la coopération en corrompant les prisonniers avec de la drogue, échangeant des pilules (on devine que se sont des opioïdes de l'ère spatiale) contre des coupelles de spermes et d'ovules.
Le personnage de Pattinson, Monte, est d'un genre plus profond - il a tué quelqu'un, bien sûr, mais il était jeune et c'était pour un chien, une chose que les gens ont laissé passé pour John Wick - et qui a fait vœu de chasteté. Frustrée par son échec persistant et incapable de garder son désir pour son moine sous contrôle dans le vide accablant de leur prison solitaire, Dibs monte Monte durant son sommeil, extrayant son sperme dans ce que Denis qualifie très franchement comme une scène de viol.
S'il y a une façon de comprendre High Life, c'est que Denis et Pattinson ont partagé plus de rire durant la production de cette scène qu'avec le reste - et ce n'est pas difficile de rire avec eux.
Rob, vous avez activement poursuivi Claire, en vous présentant à sa porte et en lui demandant de travailler avec elle. Pourquoi vouliez-vous tant travailler avec elle ?
Denis : Tu n'as pas à répondre à cela. [rires]
Pattinson : Tous ses films donnent l'impression qu'ils ne sont pas juste fait... on n'a pas l'impression que c'est un réalisateur qui dit, "Oh, je suis un réalisateur de film professionnel, je le fais parce que je dois faire un film." Ils donnent tous l'impression d'être une petite part d'elle. Je trouve toujours intéressant de découvrir ce qui vous fait ressentir cela chez un réalisateur. Mais aussi, j'ai toujours pensé que les performances qu'elle obtient, c'est systématique, il n'y a pas vraiment de mauvaises performances dans ses films. Donc je voulais simplement travailler avec elle pour avoir une police d'assurance.
Alors Claire, pourquoi avez-vous dit oui ?
Pattinson : Je l'ai payé.
Denis : Ça n'a pas été long. En le rencontrant, en parlant avec lui, j'ai compris que le choix était fait, vous savez. Il n'y avait rien à penser.
Ce projet a été en développement durant un moment, mais y avait-il une certaine hésitation ou un nouveau langage visuel que vous deviez apprendre pour faire un film de science-fiction ?
Denis : Pour moi, non, vraiment. C'était comme n'importe quel film que j'ai fait, sauf que le lieu était un vaisseau spatial, vous savez ? Mais je ne me suis jamais dit, wow, c'est un nouvel angle dans ma vie et bla bla bla. La seule raison qui m'a fait un peu peur, c'était parce que c'est en anglais, mais c'est tout.
Au moins, il n'y a pas une tonne de dialogue, cela a dû aider.
Denis : Non, je n'utilise jamais trop de dialogue, mais ce n'est pas une question de dialogue ou d'absence de dialogue, vous savez ? Même s'il n'y a pas de dialogue, faire un film en Anglais implique de penser en anglais. De plus, l'équipe était allemande. Les gens n'arrêtent pas de me dire, "Oh, il n'y a pas beaucoup de dialogue dans vos films." Mais quelle est la différence si le film en dit long ? Parfois, le dialogue n'est que du bruit - bla bla bla bla. Et cela ne dit rien, vous savez ?
Le dialogue semble être maintenant, comme la quantité dans une recette. Si vous voulez faire un gâteau, vous devez mettre 200 grammes de ceci et de cela, du sucre, etc. C'est comme une voix off. Avons-nous besoin d'une voix off ou non ? C'est une grande question dans un film, bien plus importante que le dialogue. Pour moi c'était très important.
Il y a pas mal de voix off ici - cela a-t-il fait l'objet d'un débat ?
Denis : Non, avant même que je rencontre Rob, je savais qu'il devait y avoir une voix off, car je voulais commencer avec le personnage seul avec le bébé.
Non pas que je regardais ma montre tout le temps, mais l'ouverture avec seulement Rob et le bébé, c'est une grosse période. Est-ce difficile de faire jouer un bébé ? Avez-vous seulement laissé la caméra tourner ?
Denis : Est-ce qu'on le dirige ? Non, vous devez créer une ambiance.
Pattinson : C'est si difficile de faire taire une équipe de tournage. C'était le tournage le plus discret. Nous devions garder le bébé endormi et personne, peu importe qui il était, ne faisait bruit. C'était vraiment inhabituel, surtout parce que nous avions des pièces minuscules, cela aurait du être très bruyant.
Denis : Quand tu dis des petites pièces, c'étaient bien sûr des pièces faites pour le cinéma. Donc c'était fait de bois et autres et quand nous avons commencé à tourner avec la petite Scarlett, dès qu'elle dormait dans ton lit, dans le lit, je ressentais soudain que le plateau était réel. C'est devenu immédiatement réel. Elle dormait vraiment.
Cela prend du temps de gagner la confiance d'un bébé.
Pattinson : Les premiers jours, quand je la prenais, elle s'énervait contre moi car je l'éloignais de ses parents, mais je connais très bien ses parents, donc ce n'était pas si difficile. Je la rendais après avoir fini le tournage, mais je me suis rendu compte qu'à chaque fois qu'elle était arrachée de ses parents, elle s'énervait. Donc je me suis dit, "Ok, je vais juste rester avec elle toute la journée." Car si elle ne voyait pas ses parents, elle était bien.
Mais il s'agissait aussi de la garder constamment distraite. Normalement, vous savez, vous tournez une scène et ensuite vous quittez le plateau. Mais il faisait vraiment froid à Cologne, là où nous tournions, donc je restais sur le plateau, essayant de penser à des choses qui pourraient divertir un bébé pendant des heures. Je courais constamment à travers les arbres à la fin. Vous devez penser à de nouvelles choses. Cela ne faisait que deux semaines et au départ vous pouviez simplement regarder quelques feuilles, "Oh Scarlett, regardes cette feuille !" Après 5 jours, elle était genre : "J'en ai assez de regarder des feuilles." Et je me disais, "Ok, est-ce que nous tournons encore ?" Je passais genre 3 heures à la garder.
L'une des choses les plus gratifiantes que vous ayez faites, c'est quand vous essayer de tourner une scène mais que vous essayez également de l'associer au moment de la faire dormir, et si elle s'endort durant le tournage, c'est brillant. C'est comme de marquer un but parfait.
Créer un lien avec le bébé est donc un bon travail de préparation.
Pattinson : Il y a quelque chose de profondément traumatisant, surtout quand ce n'est pas votre bébé et qu'elle pleure dans vos bras, vous feriez littéralement tout pour qu'elle arrête de pleurer. Et ses parents regardent également dans le moniteur.
Denis : Arrêtes, tu me tues, tu mes tues. Il y a ce moment où il dit, "Je ne veux pas crier trop fort."
Il y a ce moment où il fallait être très frustré avec le bébé.
Pattinson : C'était définitivement un moment où j'ai fait la prise puis j'ai dit, "Ok prenez-la!"
Claire, beaucoup de vos film traitent de la paternité. Qu'est ce qui vous intéresse dans ce sujet ?
Denis : Parce que je ne me souviens pas de mon père comme étant le mât de ma vie. Bien sûr, j'adorais mon père, mais je veux dire qu'il y a quelque chose dans la réalisation d'un film, cela vous fait réaliser d'autres choses que vous n'avez jamais réalisé dans votre propre vie. Si un gars comme Robert Mitchum est soudainement très gentil avec un animal ou un enfant, d'une certaine manière vous avez le sentiment que le monde évolue, car dans un film, chaque personnage est emblématique, vous savez ? Et si ce personnage fait quelque chose d'aussi naturel que nourrir un bébé, soudainement cela change complètement l'équilibre des sentiments. C'est beau.
Je pense que beaucoup de films pourraient être de ce genre. Vous savez, il y a toujours quelque chose à découvrir dans la relation d'un adulte et d'un enfant. Ce n'est pas moi. Je ne suis pas obsédée par les pères. Je suis obsédée par le film.
Robert, la scène que vous avez tourné avec Juliette, où elle grimpe sur vous et vous êtes presque inconscient. Comment était-ce à filmer ?
Denis : Elle le viole.
Oui, c'est vrai. Vos yeux sont fermés tout le temps. A quel point est-ce difficile à tourner ?
Pattinson : Eh bien, pour moi c'était assez facile. C'était très étrange car j'avais les yeux fermés tout le temps, donc je ne savais pas ce que cela donnait jusqu'à ce que je vois le film. Je trouve que c'était assez spectaculaire.
Denis : Elle prend ta main et ensuite tes doigts et ensuite la dernière chose qu'elle dit, "Peut-être que tu sens quelque chose, un peu."
Il fait un petit sourire à un moment donné.
Denis : Nous avons fait une prise où il est totalement inconscient et une où il est légèrement conscient.
Pattinson : Parce qu'ils sont attirés l'un par l'autre -
Denis : Oui, c'est une femme sexy.
Pattinson : Il s'impose cette discipline. Mais vraiment il se dit un peu, pourquoi fais-tu tout cela ? Tu pourrais être dans un vaisseau spatial, avoir des relations sexuelles avec Juliette Binoche tout le temps. Quel est le problème avec cela ?
Donc, comment était-ce de le regarder pour la première fois ?
Pattinson : Je me souviens avoir vu le scénario, ce dialogue, je me suis dit : "Waouh, d'accord."
Denis : Remplis moi, Remplis moi Monte ! [Rires]
Pattinson : J'ai parlé au traducteur et j'ai dit, "Andy, je ne pense pas vraiment que les filles disent, "Je veux que tu me remplisses," Je trouve que c'est un truc de porno." Et il était genre, "Rob, tu n'as manifestement pas couché avec un mec avant." Je trouvais que c'était assez drôle quand elle marche. Je l'ai vu du coin de l’œil, quand elle marche à travers le vaisseau spatial avec mon sperme dans ses mains. Je trouve que c'est très drôle.
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