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Robert Pattinson dans "High Life" : "Je veux prouver que je suis plus qu'un vampire sans humour"
Il fut un temps où Robert Pattinson avait besoin d'une journée de travail pour se débarrasser des fans adolescentes en hyperventilation. Mais ces dernières années, la star de la saga de vampire "Twilight" est passée d'une idole pour adolescent à un acteur intriguant.
High Life est son film le plus difficile à ce jour : un film de science fiction perturbant écrit et réalisé par la célèbre réalisatrice française, Claire Denis.
Elles sont toujours là, les fans en hyperventilation, mais plus en masse. A l'entrée de l'hôtel luxurieux où nous interviewons Pattinson, il n'y a plus 20 filles qui espèrent prendre un selfie avec R-Patz. Elles seront probablement choquées quand elles verront leurs idoles dans High Life. Pattinson (32 ans) joue un criminel prisonnier, qui est en route vers un trou noir avec d'autres prisonniers dans un vaisseau spatial. Dans l'obscurité, cependant, il n'y a pas de spectacle tourbillonnant dans le style de Star Wars, mais un drame hypnotique, dans lequel les prisonniers condamnés sont utilisés comme rat de laboratoire dans une série d'expérimentations sexuelles bizarre.
La scène d'ouverture de High Life est magique. Monte, votre personnage, répare la coque du vaisseau spatial. A travers un microphone il calme un bébé qui pleure dans le vaisseau.
Robert Pattinson (tirant sur sa cigarette électronique) : "Au départ, nous avions choisi des jumelles pour le rôle de Willow, le bébé. La nuit avant que nous commencions à tourner ces scènes, Claire a dit, "Peut-être que tu devrais apprendre à connaître les deux, comme cela vous vous habituerez les uns aux autres." Je pensais qu'ils avaient engagé les deux bébés acteurs les plus faciles au monde via une agence, mais dès qu'elles m'ont vu, elles se sont toutes les deux mis à crier fortement et continuellement. Je les terrifiaient ! J'ai essayé de jouer avec elles pendant des heures, mais ça n'avait pas de sens. Et deux semaines de tournage étaient prévues avec ces bébés !
"Le même soir, j'ai appelé mon ami, Sam, qui avait une fille de 13 mois que j'avais déjà rencontré. Je lui ai demandé, "Hey, Sam, que fais-tu durant les 15 prochains jours ? Penses-tu que ta fille Scarlett veut jouer dans un film ?" Le jour d'après, je me tenais devant la caméra avec Scarlett, et elle a été super. Elle a même fait ses premiers pas sur le plateau !".
Monte est un homme mystérieux qui participe à une mission au fin fond de l'univers. Comment avez-vous préparé ce rôle ?
"Je me suis demandé la même chose quand j'ai signé pour High Life. Je n'avais pas beaucoup de matériel pour débuter : au départ il n'y avait même pas de scénario, juste un écrit de 25 pages. Qui ne parlait même pas de l'objectif de la mission. D'où venait ces prisonniers ? Que mangeaient-ils sur le vaisseau ? D'où venait le bébé ? Qui est ce Monte ? Il n'y avait pas de détail dans ces pages, mais je m'en fichais. Je voulais juste travailler avec Claire Denis.
"Quand le début du tournage a approché, j'ai demandé à avoir plus d'informations sur l'histoire. Mais plus je posais de questions sur Monte à Claire, sur la nature de son crime, par exemple, plus elle devenait réservée. Et ça m'a rendu assez nerveux. Après tout, je suis un acteur qui veut toujours savoir tout sur les motivations et les traits de mon personnage. Est-ce que Monte a tué ses parents ? A-t-il souffert d'un traumatisme dans son enfance ? Pourquoi agit-il de façon si étrange ? Claire m'a fait réalisé que c'était souvent inutile, et même idiot, d'approcher un rôle de cette manière. Eh bien, quelqu'un aurait dû me dire cela au début de ma carrière (Rires)."
"Mais cela restait difficile. Deux semaines avant le début du tournage je suis allé à Cologne pour déjeuner avec Juliette Binoche (qui joue le rôle du docteur pervers dans High Life). Durant ce déjeuner j'ai une crise de panique : "Je ne sais rien sur mon personnage ! J'ai vraiment besoin de plus d'informations ! " Juliette, qui a travaillé avec Claire avant, a haussé les épaules : "Pourquoi ?" Une réponse qui ne m'a pas exactement rassurée (Rires)."
"Après le déjeuner, nous avons visité un musée, où mes yeux sont tombés sur une sculpture. J'ai dit à Juliette : "Je ne sais pas pourquoi, mais cette oeuvre d'art me fait penser à mon rôle. Je pense que cette image incarne l'essence de mon personnage!" J'ai pris une photo et l'ai envoyé à Claire et elle m'a immédiatement répondu : "Tu l'as !" (s'arrête durant un moment) Maintenant que je m'entends, je me rends compte que cela sonne bizarre et abstrait. Et un peu ridicule (rires). "
Quelle sculpture était-ce ?
"C'était l'image d'une femme donnant le sein. La façon dont cette femme tenait son bébé, m'a fait réalisé en un flash que tout dans High Life tourne autour de la relation entre Monte et Willow. Ce que je veux dire c'est : merci à Claire, j'ai appris à lâcher prise sur tout ce que je savais du métier d'acteur. Elle m'a appris à jeter toutes les préparations par dessus bord et à me laisser emporter par l'énergie du moment. A me laisser complètement aller par l'atmosphère que l'on peut ressentir sur le plateau."
"Au départ cela a été dur pour moi - peut-être parce que je suis britannique. Le britannique se comporte traditionnellement avec plus de raideur. Nous n'osons pas nous lâcher facilement, mais soudainement on me demandait de courir en sous-vêtements autour du vaisseau spatial. Et c'était libérateur également !".
Est-ce vrai que vous vouliez tellement travailler avec Claire Denis que vous l'avez abordé vous-même ?
"Vous voulez dire que je l'ai traqué pendant des années ! Quand j'ai vu "White Material" en 2011 ou 2012, un film unique que j'ai vraiment adoré, je me suis immédiatement dit : Je veux travailler avec elle. A en juger par son oeuvre, je pensais qu'elle serait une artiste intellectuelle et intimidante, mais en réalité c'est une femme très drôle et désarmante. Un peu excentrique également : exactement le genre de réalisateur que j'adore. Attention : Claire est peut-être petite, mais sur le plateau elle peut se comporter comme un vrai tyran ! Parfois vous le devez. Il y a 200 personnes sur un plateau de tournage. Si vous voulez qu'ils fassent tous ce que vous dites, parfois vous devez sortir le fouet."
Au départ elle pensait que vous étiez trop jeune pour le rôle. Et elle avait également des doutes sur votre apparence, qu'elle trouvait trop iconique. Comment l'avez-vous convaincu ?
"En lui montrant que je pouvais jouer un vieux schnock qui parle facilement (rires). Et en discutant avec elle durant longtemps. Je pense qu'elle a éventuellement vu que je pouvais gérer le rôle."
Quelqu'un a décrit High Life comme une science-fiction olé olé. Comment décririez-vous le film ?
"Une science fiction olé olé... Hmmm, ça sonne bien. Car il y a un peu d'obscénité dans le film, non ? Je veux dire, nous parlons d'un film dans lequel un rôle important est réservé à une machine appelée "Fuckbox!" (Rires) Au départ, il y avait également une scène dingue dans laquelle avec André Benjamin (aka Andre 3000, qui joue un des prisonniers), nous avions une longue conversation sur la 'Fuckbox'. Vous nous entendez parler tout le temps de récolter du spermes et de trouver des sources d'énergie pour faire marcher la Fuckbox... Je n'étais pas vraiment surpris quand Claire a coupé en disant : "Qu'est ce que c'est que ce bordel ?!", le contenu était trop perché. Mais c'est pour cette raison que je voulais faire le film."
Avez-vous peur que ces scènes effrayent le public ?
"C'est déjà arrivé. Durant l'avant-première mondiale au Festival du film de Toronto, la moitié de l'audience a quitté la salle. Durant la scène où vous voyez du lait sortir d'un sein nu, vous pouviez entendre les spectateurs gémir avec horreur : "Aaah ! Dégoûtant !" Après quoi, une autre centaines de gens ce sont levés (rires). J'étais assis à côté de Claire et je me souviens que l'on s'est murmuré "Oups, nous n'avions pas prévu cela".
Dans Cosmopolis, vous avez un examen de la prostate, dans Good Time vous jouez une scène de sexe avec une mineur, dans High Life vous avez une scène bizarre avec Juliette Binoche. Il semble que vous jouez délibérément ce genre de scènes perturbantes pour jouer avec votre image de figure emblématique.
"Non, Je n'essaye pas consciemment de choquer ou de provoquer. Les films que j'ai fait ces dernières années ne consistaient pas à faire un doigt d'honneur à la saga Twilight.
C'est frappant qu'après Twilight vous ayez commencé à travailler avec des réalisateurs honorables tels que David Cronenberg, Werner Herzog, Anton Corbijn et Claire Denis. Parce que vous voulez finalement être pris au sérieux ?
"C'est vrai que je suis motivé par l'ambition de montrer au monde que je suis un acteur solide. Que je peux être plus qu'un vampire sans humour (rires).
"Au départ j'avais l'impression d'être un tricheur. Je n'avais jamais pris de leçon de comédie et je n'avais aucune idée de ce que je faisais, mais j'aimais la profession. Je n'avais pas de grandes attentes ces premières années et j'étais satisfait de tout les rôles qui me tombaient dessus, mais après un moment, quelque chose a commencé à grandir. Maintenant j'ai atteint un point où je ne veux pas simplement m'en sortir comme je peux, mais je veux vraiment ajouter quelque chose de spécial dans les films dans lesquels je joue. Je veux prouver que je suis digne d'être appelé un acteur célèbre."
Avez-vous réussi ?
"Je ne suis toujours pas convaincu que je suis un bon acteur. C'est bizarre. Parfois je pense que je m'en sors très mal sur un tournage et soudainement le réalisateur dit, "Bien, Robert !" Mais j'ai aussi le cas où le réalisateur dit après le tournage : "C'était vraiment mauvais, Robert !" Et c'est entièrement de votre fait. Eh bien, c'est ce que j'appelle une mauvaise journée." (rires).
N'est-ce pas humiliant ?
"Oh, mais l'humiliation est bien ! Vous voir comme génial et devoir reconnaître que vous craignez, c'est la forme de déception la plus douloureuse pour moi. Donc je veux toujours commencer un film avec le plus bas niveau possible d'attentes et avec l'idée que je suis une merde. Afin de pouvoir être capable de déterminer après coup, de façon très occasionnelle avec une certaine fierté, que le résultat final ressemble à quelque chose."
N'avez-vous jamais peur d'être viré ?
"Constamment. Heureusement, mes contrats sont façonnés de telle façon que c'est presque impossible de me virer (rires).
Ces dernières années vous avez pris l'habitude de rechercher des réalisateurs par vous-même. De cette manière, non seulement vous avez traqué Claire Denis, mais aussi les frères Safdie, avec lesquels vous avez fait le fabuleux Good Time en 2017.
"Les bons rôles ne viennent pas tout seul. Donc c'est mieux si vous faites un peu d'effort. Je suis constamment à la recherche de talents frais et je regarde énormément de films, surtout durant les festivals. C'est comme cela que j'ai connu les Safdie, j'ai vu la bande annonce de leur film "Heaven Knows What, et j'ai su qu'ils étaient unique. Dans un tel cas, la célébrité que j'ai eu avec Twilight a été utile. Si je joins mon nom à un projet, ce sera un peu plus facile d'avoir le feu vert, même si personne ne connaît le réalisateur."
Mais votre nom est-il assez gros pour amener le public voir High Life en masse ?
"De nos jours, aucun nom n'est assez grand pour attirer le public en masse au cinéma. Les gens vont au cinéma pour les super héros, ou pour l'action, les effets spéciaux, pas pour le nom d'un acteur ou une actrice. Je pense que Daniel Day-Lewis est le seul à pouvoir encore attirer des spectateurs grâce à son nom et sa réputation; tout le monde veut voir son nouveau tour. Et encore, il a besoin de travailler avec des gros réalisateurs, comme Steven Spielberg."
N'avez-vous pas peur qu'un jour, en jouant tout ces rôles étranges, vous n'aurez plus de fans ?
"J'ai eu la célébrité, l'attention, le succès commercial, maintenant c'est le temps de prendre des risques. Avec High Life, j'ai tourné mon film sur l'inceste, maintenant j'adorerai jouer dans un film de danse. Oui, je le pense. Mais je n'ai pas encore osé le dire à mon agent. Je peux déjà entendre sa réponse : "Quoi ? Tu veux jouer Rudolf Noureev ? Mon dieu, Robert, tu es la dernière personne capable de jouer le plus grand danseur de ballet de tout les temps !" Ce a quoi je répondrais : "Donnes moi 9 mois pour entraîner mon grand jeté ! Je sais que je peux le faire !" (rires). C'est l'impossibilité d'un rôle qui m'excite."
Vous parlez comme un vrai écolier !
"Mais non. Je suis juste quelqu'un qui reste dans l'ombre de gens intéressants, espérant qu'un peu de leur génie se propagera sur moi."
Un grand merci à @Pattinsons_Army pour la traduction anglaise !
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