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Lorsque Robert Pattinson a reçu le scénario de 'Damsel" de David et Nathan Zellner, un western décalé, inversé, dans lequel se côtoient divers prétendants pour l'amour d'une femme qui n'est pas intéressée par leurs avances, il a passé son chemin. "Cela semblait être un de ces films qui n'obtiendra jamais de financement, donc ça ne m'a pas vraiment marqué," dit-il.
Quelques semaines plus tard, il est allé voir "Kumiko, The Treasure Hunter" au cinéma, ne réalisant pas qu'il venait des mêmes réalisateurs. Il a appelé son agent, impatient de rencontrer celui qui était derrière le film.
"Il m'a répondu, ouais, ils viennent de t'offrir un rôle dans leur nouveau film et tu n'a pas voulu les rencontrer," se souvient Pattinson. Il est revenu sur 'Damsel', qui l'emmène sur un terrain étrange en tant qu'acteur, dont le penchant pour des rôles effrontés a évolué de la franchise "Twilight" au travail d'auteur comme "Cosmopolis" de David Cronenberg et "Good Time" des frères Safdie. Avec Samuel Alabaster, le pionner trop confiant désireux de sauver Penelope (Mia Wasikowska) de ses supposés ravisseurs, même si elle ne veut pas d'aide, Pattinson s'est retrouvé dans la position improbable d'un rôle comique.
C'était quelque chose à laquelle il ne s'attendait pas en s'engageant, en partie à cause du mélancolique "Kumiko" - dans lequel une femme japonaise, croyant que l'intrigue de "Fargo" est réelle, se perd au Nebraska - qui avait une tonalité très différente. "Kumiko est un des films les plus étranges," déclare Pattinson. "Avoir un film aussi étrange et le rendre cohérent et touchant, l'esthétique est vraiment élégante et plutôt cool aussi - il y avait beaucoup de choses en même temps. En reliant cela avec le scénario de "Damsel", je me suis senti vraiment perdu."
Quand il a lu "Damsel", dit-il "cela ne se lisait pas nécessairement comme une comédie, ça avait l'air vraiment étrange." Toujours en essayant de comprendre comment classer le film une fois le tournage terminé, il a creusé dans la filmographie des Zellner et a regardé "Kid-Thing", leur histoire sombre et lyrique d'une jeune fille qui entend une voix dans un puits. Contrairement à "Kumiko", le premier projet des Zellner avec un budget plus important, "Kid-Thing" exprime leur humour décalé et pince-sans-rire de façon plus claire. Il a reconnu que bien que "Kumiko" ait un côté "majestueux", les autres films des cinéastes d'Austin étaient "plus délabrés".
Pourtant, "Damsel" ne signale pas une nouvelle phase dans la carrière de Pattinson dans des comédies romantiques. Alors que Samuel commande le premier acte du film, son obsession pour trouver la fille de ses rêves a exigé que l'acteur joue franc-jeu. "Le gars est complètement psychotique," dit Pattinson. "Il n'a jamais rien fait de plus horrible que d'agacer les gens, mais sa capacité à fantasmer est effrayante. Ce n'est pas un crétin maladroit. Ses actions sont très préméditées. Il est profondément fou. Je l'ai approché de cette façon."
Dans un moment exceptionnel du film, Samuel interprète une chanson à la guitare qu'il a écrite pour Penelope. En cherchant un moyen de catégoriser le film qu'il était en train de faire, il espérait faire rire l'équipe. "Il y avait des scènes où personne ne rigolait," dit-il. "J'essayais d'avoir une réaction. Avec cette chanson, j'ai finalement vu l'ingénieur du son sourire et cela a été un grand soulagement."
Il a admis ne pas être sûr de la façon dont le projet pourrait se concrétiser. L'histoire suit Samuel et un prédicateur maladroit nommé Parson (David Zellner) trébuchant dans la nature sauvage jusqu'à ce qu'ils rencontrent Penelope, et ensuite le contexte du film change dans une direction complètement inattendue. "A la moitié du tournage, j'avais complètement perdu le fil de l'intrigue et je n'avais aucune idée de ce qui se passait," explique t-il. L'avant-première à Sundance lui a apporté un certain soulagement. "Je suis toujours surpris quand quelque chose prend du sens," dit-il. "Il s'avère que quelqu'un avait le contrôle."
"Damsel" part d'une déconstruction des westerns masculins vers un récit à tendance féministe qui a une puissance supplémentaire dans l'ère #MeToo, même si le mouvement a émergé bien après la fin du tournage.
"J'ai toujours trouvé intéressant que cela se transforme en une histoire d'amour non partagée dans sa tête," a déclaré Pattinson. "C'est normalement présenté comme une chose assez tragique. Mais si vous êtes l'objet d'un amour non partagé, c'est en fait vraiment énervant, surtout quand la personne refuse d'arrêter. Je pense que les hommes et les femmes sont tous les deux coupables de cela."
Néanmoins, l'acteur a déclaré qu'il n'utilisait aucun baromètre "politiquement correct" lorsqu'il choisit ses projets. "Je n'aime pas les archétypes dans les films," dit-il.
Il explique : "Je ne sais pas vraiment à quoi cela servirait. Je cherche toujours des scénarios où tous les personnages ont plusieurs facettes et sont originaux. Je cherche quelque chose de nouveau plus qu'autre chose. Je ne veux pas trouver quelque chose qui ne fait que renforcer ma vision du monde."
Sa carrière post-Twilight soutient cette évaluation. Au cours de ses 6 dernières années, il est apparu dans une série de projets peu orthodoxes, dont aucun n'a vraiment de points en communs : deux films de Cronenberg, "The Rover" un western peu orthodoxe post-apocalyptique de David Michôd, "Queen of the desert" de Werner Herzog, "The Childhood of a leader" de Brady Corbet, "The Lost City Of Z" le film d'aventure dans la jungle de James Grey et "Good Time" des Safdie. Il a joué des vagabonds, des simplets, des criminels et des play-boys. Et l'acteur de 32 ans ne fait que commencer.
Plus tard cette année, il apparaîtra dans "High Life" de Claire Denis, une odyssée spatiale qui marque le projet le plus ambitieux de la réalisatrice française et sa première entreprise dans le domaine de la science-fiction. "J'ai vu une première coupe l'autre jour et je trouve que c'est génial, tellement bizarre," dit-il. "Je suis très curieux de voir comment les gens vont le percevoir."
Il vient également de terminer la production de "The Lighthouse", le prochain film de Robert Egger après son conte d'horreur "The Witch". Tourné en noir et blanc en 16 mm en Nouvelle-Ecosse pour représenter le Maine, l'histoire se passe dans un phare au début du 20ème siècle où des événements étranges se produisent. "C'était vraiment difficile," déclare Pattinson. "Je n'avais jamais passé autant de temps sous la pluie de ma vie, scène après scène, complètement trempé durant deux mois." Il s'est senti légitimé par certaines des premières séquences qu'il a vues. "Je pense que cela va être assez dingue," dit-il. "Je n'en ai vu que quelques instants, mais ça ressemble à un film de Buster Keaton."
Dans quelques semaines il partira pour le Royaume Uni, retrouvant David Michôd pour sa dernière production. Ensuite il a des projets dans les tuyaux qu'il espère voir se réaliser. Il s'agit notamment de "Idol's Eye" d'Olivier Assayas, un drame où il côtoiera Sylvester Stallone, mais le projet est constamment reporté depuis plus de deux ans.
"Tous les six mois, on dirait qu'il va réapparaître," dit-il. "J'ai vu Olivier en parler l'autre jour. C'est juste une de ces choses qui sont chères. Mais c'est un super scénario - une véritable épopée, long de 180 pages."
Il espère travailler avec Joanna Hogg, la réalisatrice anglaise en pleine ascension sur la seconde partie de son film "The Souvenir", la première partie doit voir le jour plus tard cette année. "C'est un projet très très ambitieux," dit Pattinson. "J'espère voir la première partie dans quelques semaines."
Et il veut travailler avec son ami Antonio Campos, membre du collectif "Bordeline Films", pour "The Devil All the Time". Il dit qu'il l'a appelé pour le projet, un drame d'après-guerre qui s'étend sur plusieurs décennie, pour jouer "un autre personnage psychopathe." Il rigole. "Il semblerait que j'aime les jouer," déclare t-il.
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